Trois des démissionnaires : à droite Thierry Guérin, adjoint, puis Marion Pirondeau, adjointe et Catherine Barbé-Vacchiano, conseillère municipale
Rencontre avec les élus démissionnaires
Lors du dernier conseil municipal, mardi 21 avril, huit élus de la liste majoritaire ont présenté leur démission. Parmi eux, deux adjoints : Thierry Guérin et Marion Pirondeau et six conseillers municipaux. Cette démission collective intervenant juste 13 mois après les élections, il fallait comprendre ce qui avait poussé ces élus à cet acte alors qu'il y a un an, porteurs d'un beau projet et pleins d'enthousiasme, ils étaient prêts à s'investir dans le fonctionnement de la commune.
Qu'espéraient-ils de nouveau dans la gestion de Saint-Christophe ?
Reprenons le programme qui avait été mis en place de façon collégiale avant les élections de mars 2014 et voyons ce qui n'a pas fonctionné et les a amenés à démissionner.
On pouvait lire à la première page : "Merci de soutenir les valeurs que nous défendons : l'écoute, la tolérance, le dialogue, l'esprit d'équipe"
Qu'en est-il aujourd'hui ? Écoutons les élus démissionnaires :
"La réunion "galette" du mois de janvier a été le déclencheur. Cette réunion devait nous permettre de dialoguer, de remettre les choses à plat.
Elle a permis de comprendre que Catherine Lemaire était une mauvaise gestionnaire d'équipe.
Elle organisait des réunions "secrètes" pour s'assurer d'avoir la majorité. La dernière réunion de ce type nous a fait exploser !
Déjà au mois de novembre, elle a refusé le dialogue en nous disant lors d'une de nos interventions :" ce n'est ni le lieu, ni le moment pour poser des questions." Alors où et quand les poser ?
Nous n'avons pas été consultés sur l'orientation budgétaire prise par le maire.
Vous pouvez donc constater que la belle résolution est plutôt mise à mal."
De quand date votre décision ?
"En fait, moins de 15 jours. Quand nous sommes venus au conseil mardi soir, notre décision était prise.
Nous sommes conscients des conséquences de notre acte et nous en sommes les premiers consternés que ce soit pour le syndicat des transports, le SIVOM, l'agenda 21, la communauté de communes, les actions vers le tourisme, la culture, les TAP... Nous avions commencé à bien nous impliquer dans ces attributions. Nous avons ébauché de nombreuses actions qui ne pourront malheureusement pas être terminées. Pour toutes ces raisons, on peut affirmer que cette décision, nous l'avons prise la mort dans l'âme mais il n'était plus possible de fonctionner de cette manière.
Nous comptons malgré tout que la transition pourra se faire. Nous sommes des gens responsables et, dans la mesure où ce sera possible, nous transmettrons nos engagements pour qu'il puisse y avoir une continuité.
Comme vous pouvez le remarquer, il n'y a aucune cohérence entre notre programme et la façon dont fonctionne ce conseil municipal.
Nous avons donc choisi de nous expliquer via la presse et nous espérons que les électeurs comprendront ce qui a motivé notre démission. Nous ne pouvions plus cautionner un tel fonctionnement."
Il y aura de nouvelles élections puisque actuellement il n'y a plus de quorum, que comptez-vous faire ?
"Tout d'abord, il faut attendre que la démission soit actée et qu'il y ait un retour de la préfecture." Pour la plupart, la plaie est encore trop sensible et à part deux ou trois, aucune décision n'est prise sur une éventuelle participation à la prochaine élection qui pourrait peut-être intervenir avant l'été. Ils sont tous d'accord pour affirmer : "Il est hors de question de repartir dans les mêmes conditions."
Rencontre avec Catherine Lemaire
Reçue par Catherine Lemaire, encore sous le coup de l'émotion suscitée par la démission de deux de ses adjoints : Marion Pirondeau et Thierry Guérin, respectivement 2ème et 3ème adjoints et six conseillers municipaux : Anita Bardet, Catherine Barbé-Vacchiano, Béatrice Dumus, Philippe Guitton, Antoine Moulin, Hélène Ripoche, il était facile de constater qu'elle semblait encore assommée par cette action collective qu'elle n'avait pas vu venir. "Ça a été très violent pour moi !"
Elle reste persuadée qu'en tant qu'élue et surtout première magistrate de la commune, c'est à elle qu'incombe les choix à faire et les actions à mener pour le bien de la commune et de ses habitants.
C'est aussi à la réunion de janvier 2015 qu'elle a découvert qu'une des personnes élues présentes à la réunion, n'était pas satisfaite de ce qui se passait au sein de ce qu'elle considérait encore comme une équipe et qu'elle a ressenti une mésentente entre deux personnes de sa liste. "J'ai conservé un mauvais souvenir de cette réunion car l'ambiance n'était pas bonne. Quand on s'énerve, ce qui peut être normal, il faut ensuite pouvoir discuter, savoir se positionner, se remettre en cause de part et d'autre d'ailleurs."
Elle reconnaît : "On peut avoir des visions différentes et c'est normal. Pour s'en expliquer, j'aurais souhaité rencontrer individuellement les protagonistes, mais cela n'a pas pu se faire."
Il y a eu quelques différends sur le "potager de l'école" mais pour elle, il n'y avait pas d'autre choix que de demander aux employés municipaux de s'occuper des containers à poubelle car beaucoup de personnes les attendaient. Ce point sur le "potager" a été également évoqué par les démissionnaires responsables des TAP qui avaient une vue différente sur la question et n'ont pas admis la décision prise par Madame le Maire.
"Pour construire mon budget, j'ai travaillé pendant 3 mois. Dans notre programme, nous avions pour projet de refaire les bâtiments avec les mises aux normes nécessaires. Un devis pour la mairie d'un montant de 240 000 € ne m'a pas paru primordial, la mairie étant accessible à tous au rez-de-chaussée. De même, je n'ai pas cédé sur la salle de Beau-Soulage (projet d'isolation avec la CCRacan). Il y a effectivement une ligne pour les projets des communes et de l'intercommunalité. Par contre, mon choix s'est porté sur le foyer rural grâce aux subventions possibles. Mon rôle de maire est de faire les meilleurs choix quant aux sommes consacrées aux investissements, sommes qui, si elles ne sont pas utilisées, seront réutilisables par la suite. Mes choix vont toujours à ce que je juge prioritaire en fonction de leur importance.
Élue, je comptais m'appuyer sur mes colistiers. Des travaux ont été mis en place. Nous faisions un travail d'ensemble sur l'Agenda 21 pour dégager des actions. De même, je dois reconnaître qu'avec certains de ces élus, nous avons fait un gros travail sur les TAP, sur les animations culturelles et je les en remercie. J'ai été contente de travailler avec eux. L'un d'eux m'a d'ailleurs dit : "Je garde un bon souvenir malgré tout." et cela m'a fait énormément plaisir. Je lui ai répondu : "Ça me soulage !"
À un moment, j'ai senti que deux équipes s'étaient formées et que je me trouvais au milieu.
Vous savez, pour moi, ce n'est pas facile de mener un conseil municipal avec M. Poussin."
Dans la perspective de prochaines élections, Catherine Lemaire qui attend l'avis du préfet, ne compte pas s'arrêter. Elle estime que le bilan à son actif au bout d'un an d'exercice est positif. Elle pense qu'il faut mettre en parallèle le bilan de l'équipe et son bilan personnel en tant que maire avec tout le travail qu'elle a fourni dans l'intérêt de la commune et de ses habitants.
Elle est donc prête à repartir avec l'appui de plusieurs personnes. Elle reste persuadée qu'il faut une équipe sur le terrain. "Il faut que ça continue pour la commune, pour ses habitants et pour toutes les structures en place. Les gens comptent sur nous, sur notre travail. Pour ces raisons, je dois assumer, poursuivre le travail avec les élus qui restent et assurer une stabilité pour les habitants."
En conclusion, malgré l'état actuel de la situation, la commune va pouvoir continuer à vivre ! C'est ce qui semble le plus important.