Cette journée du souvenir commença par un hommage à Élizabeth Le Port, institutrice à Saint-Christophe, qui fut arrêtée par la Gestapo, déportée à Auschwitz où elle décéda le 14 mars 1943, à 24 ans. Puis, un long cortège conduit par la musique et les pompiers se rendit aux monuments aux morts où deux gerbes furent déposées.
Catherine Lemaire, ceinte de son écharpe, lut le discours de Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'état aux anciens combattants, dont nous retiendrons ces passages : "...La France se souvient aussi de tous ceux et toutes celles qui contribuèrent à la victoire que nous commémorons aujourd'hui, toutes ces femmes et tous ces hommes auxquels nous devons d'être libres, tous ceux qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, ont choisi au péril de leur vie, d'embrasser la Résistance..."
Claude Boulesteix, président de l'UNC, remit le diplôme de porte-drapeau à Maurice Dalloux, qui tient ce rôle depuis 50 ans.
Remise de décoration à Maurice Dalloux, porte-drapeau
Puis, sous la conduite de Valérie Bienaimée, directrice de l'école, les élèves de la classe de CM1-CM2, donnèrent lecture du beau poème de Paul Éluard, "Liberté". L'étude de ce poème a été pour les enfants l'occasion de s'exprimer à la manière de Fernand Léger, autour de ce vers : "J'écris ton nom, Liberté". Leurs œuvres décoraient la salle du foyer rural où se déroula la suite de la cérémonie.
Travail autour du poème "Liberté" de Paul Éluard
Après quelques airs de musique, Claude Boulesteix reprit la parole pour faire l'historique de la section UNC de Saint-Christophe qui fête ses 50 ans.
"Il y a 50 ans, notre section se nommait section des Anciens d'AFN (Afrique du Nord). Il brossa un historique des conflits passés : guerre de 14-18, guerre de 39-45, Indochine 46-54, Algérie 1er novembre 1954 au 9 septembre 1962."
Des auditeurs attentifs
C'est sur cette dernière, celle qui les concerne, qu'il s'étendit un peu plus longuement.
"L'Afrique du Nord était formée par 3 pays : le Maroc sous protectorat français jusqu'en 1955, la Tunisie jusqu'en 1956 , année de leur indépendance et l'Algérie alors département français. À la suite d'une rébellion et d'une trentaine d'attentats dans la nuit du 1er novembre 1954, sur tout le territoire algérien, contre les Pieds Noirs (Français installés en Algérie depuis le début de la colonisation), attentats qui firent 8 morts dont des appelés, le gouvernement décida d'envoyer un contingent militaire pour arrêter ces massacres. En août 1955, dans le Constantinois, 70 civils sont massacrés. La France s'enfonce dans une sale guerre. Edgar Faure rappelle alors les soldats du contingent disponible. Après le drame de Palestro, le 18 mai 1956, où 19 soldats français ont été tués dans une embuscade, la guerre d'Algérie devient un drame national.
Sur les 3 millions de soldats français mobilisé pendant les 7 ans 8 mois et 4 jours qu'a duré cette guerre, on a dénombré côté français 23 635 morts et 65 000 blessés, chez les harkis de 30 à 90 000 morts et 4 à 6000 européens. Côté algérien, on compte de 300 à 400 000 morts en grande partie des civils. L'état algérien fait état lui de un million et demi de tués. Côté OAS, il y eut 100 morts et 2 000 prisonniers.
Le cessez le feu fut signé lors des accords d'Évian, le 19 mars 1962. Mais, le FLN a continué les massacres jusqu'à l'Indépendance de l'Algérie en juillet 1962 et la proclamation de la république démocratique et populaire d'Algérie en septembre 1962.
Nous, jeunes appelés partions en Algérie pour des missions de maintien de l'ordre ou des opérations de pacification... Le service militaire durait alors de 27 à 30 mois et certains l'ont effectué entièrement là-bas. La plupart d'entre-nous était sur le terrain et ils ont connu les attentats, les embuscades, les trahisons, les nuits dans le djébel un fusil mitrailleur à la main et les atrocités des actes militaires. Certains ne sont pas revenus, d'autres ont été blessés, mais tous, nous sommes rentrés physiquement et psychologiquement marqués par toutes ces horreurs rencontrées lors des affrontements armés.
Tout ceci explique pourquoi, dès septembre 1957, au retour des premiers soldats rentrés d'Afrique du Nord, s'est formée à Paris L'Union nationale des combattants d'Afrique du Nord. À la fin des hostilités d'autres associations ont vu le jour. Notre association est régie par la loi de 1901 et les statuts ont été envoyés en préfecture le 31 mars 1965 sous le titre "section des Anciens d'AFN" et elle s'est affiliée à l'union nationale des combattants d'Afrique du Nord. Note section était la 6ème d'Indre-et-Loire.
En 1997, suite à une refonte des statuts de l'UNC, celle-ci devient une grande fédération intégrant l'UNCAFN et Soldats de France. C'est pour cette raison que notre section s'appelle désormais "Section UNC de Saint-Christophe, membre de l'UNC d'Indre-et-Loire". Si nous célébrons aujourd'hui le 50ème anniversaire de notre section, c'est aussi par rapport au drapeau qui nous a été remis le 8 mai 1965."
Puis il rappela les noms des différents membres qui ont dirigé l'association en insistant sur le trésorier, Christian Boigard, qui gère la trésorerie depuis la création de la section. Les différentes actions et manifestations organisées par l'association ont été mentionnées et quelques souvenirs mémorables ont refait surface.
Pour terminer, il montra un peu d'inquiétude quant à la pérennité de la section et il espère que des rencontres avec les militaires actuels les amèneront à adhérer et permettront ainsi de perpétuer le devoir de mémoire.
Les heureux récipiendaires
Puis vint le moment des remises de décorations internes par le secrétaire département remplaçant le président, Jean-Pierre Thème.
Ont été décorés : Gérard Anquetil, Christian Boigard et Claude Boulesteix. Madame Anquetil a également reçu une décoration pour les services rendus à la section.
Ce moment assez intense terminé, chacun put apprécier les petits fours préparés par Ana Courtois, adjointe, et se rafraîchir avec le vin d'honneur offert par la municipalité.
Mme Anquetil reçoit sa décoration des mains de M. Boulesteix sous l’œil de son époux
Pour ceux qui s'intéressent à la Grande Guerre, Histoire et Patrimoine accomplit un gros travail de recherche sur les morts de Saint-Christophe. Pour suivre l'avancée des travaux, vous pouvez aller sur le site de Lionel Royer.
http://saint-christophe-sur-le-nais.jimdo.com