L’association « Histoire et Patrimoine » s’est associée aux propriétaires du Clos Saint-Gilles, Jean et Thierry, et, ensemble, ils ont consacré le dimanche du patrimoine à l’évocation de saint Gilles en proposant des visites guidées de la chapelle et des jardins de la propriété voisine.
Après avoir été récurée aussi bien que possible et ornée de divers mobiliers religieux émanant de la collection de Thierry, la chapelle avait fière allure pour accueillir les visiteurs. Certains la connaissaient de longue date mais étaient heureux de la trouver ouverte à cette occasion. Quelques anecdotes sur la sauvegarde de l’édifice, « enfoui sous les ronces et la végétation, n’ayant plus de toiture, entouré d’arbres énormes que l’abbé Roussel a décidé de faire abattre et c’est lui qui a fait dégager la végétation» ont été plusieurs fois rappelées par les personnes âgées de la commune ou de Saint-Paterne-Racan venues en voisines.
Philippe Larus et Fabrice Mauclair, respectivement président et vice-président de l’association ont quant à eux dévoilé l’historique de la chapelle, des activités qui s’y passaient sans oublier de présenter le saint qui a donné son patronyme au lieu.
Un bon orateur et un auditoire intéressé par l'histoire de la chapelle
Histoire de la chapelle
L'acte de fondation de la chapelle a été rédigé le 23 juillet 1122 dans l'église de Châteaux (Château-la-Vallière). Par cet acte, Pétronille, veuve de Geoffroy de Sonzay, donnait au prieur et aux religieux de Saint-Christophe tous les biens qu'elle possédait à Châteaux, à condition qu'ils bâtissent et desservent près de leur prieuré un sanctuaire en l'honneur de saint Gilles. L'édifice, construit sur le coteau de la rive droite de l'Escotais, à 750 m à vol d'oiseau de l'église et du prieuré, en bordure de l'ancienne route de Saint-Christophe à Tours, dépendait de l'abbaye Saint-Florent de Saumur. À proximité, se tenait certainement la célèbre foire aux chevaux de Saint-Christophe.
Au début du XVe siècle, la chapelle est reconstruite par le prieur de Saint-Christophe, Jehan Gratius. Des fresques, recouvrant les murs et les voûtes, ont sans doute été réalisées à cette époque. L'abbé Bossebœuf, en 1891, atteste qu'il en subsistait alors de beaux restes. Au XVe siècle, un cimetière jouxtait la chapelle. En 1979, l'édifice a été restauré par la municipalité avec l'aide de toute la population (une somme de 12 421 francs a été recueillie ainsi que des dons de tuiles).
Au XIXe siècle, un pèlerinage rassemblait, tous les 1er septembre, de nombreux fidèles venus particulièrement de l'Anjou et du Maine. Une procession se rendait en chantant de l'église paroissiale à la chapelle ; les mendiants s'alignaient le long du parcours, espérant des aumônes. Une foire aux melons se tenait à Saint-Gilles à cette occasion.
La chapelle abrite trois statuettes du XIXe siècle en terre cuite polychrome : à gauche un saint moine, représentant peut-être saint Benoît, au centre saint Christophe, dont le nom signifie « qui porte le Christ » ; à droite, saint Gilles. Au mur Sud, une statue très naïve en tuffeau, est dite « Vierge au lévrier ».
La légende de saint Gilles
La popularité médiévale de saint Gilles, ermite et abbé bénédictin du VIIe siècle, est née d'un épisode légendaire, « la messe de saint Gilles » : Charles Martel (ou Charlemagne) n'osant confesser un grave péché, demanda à l'ermite de le tirer de ce mauvais pas. Le lendemain, durant la messe du saint moine, un ange déposa sur l'autel un parchemin où le péché inavouable était inscrit. Au fur et à mesure que s'égrenèrent les oraisons du saint, les caractères s'effacèrent.
De là se répandit la croyance selon laquelle l'invocation à saint Gilles dispensait de la confession, dispense déclarée contraire à la foi chrétienne par le Concile de Trente.
En Touraine, saint Gilles passait pour guérir le cancer, parfois appelé « mal de saint Gilles ».
À la découverte des jardins
Les jardins de Saint Gilles
Cette visite achevée, les personnes étaient invitées à se rendre dans les jardins voisins où Jean leur en contait l’histoire.
Quand ils ont acheté la propriété, les jardins n’existaient plus. Ils ont donc entrepris un énorme travail de remise en état pour leur redonner un peu d’éclat et leur aspect originel. Le choix des plantes en fonction de la place occupée, les espaces, les volumes, les couleurs, rien n’est laissé au hasard et le résultat est un régal pour les yeux.
Un petit historique sur leur maison intéressa également les curieux ravis de pouvoir pénétrer dans cette belle propriété.
Explications sur la maison
Le clos Saint-Gilles
Cette demeure fin XVIIIe de style directoire est attenante à la Chapelle saint Gilles qui faisait partie de la propriété au XIXe. L'édifice est bâti en tuffeau avec un fronton triangulaire sculpté typique du Directoire. Sa façade est orientée au Sud sud ouest face à la chapelle. À l'arrière de la bâtisse subsiste les restes d'une douve, toujours en eau qui à l'origine et selon des plans anciens faisait le tour de la propriété.
La bâtisse comporte une partie centrale faisant face à l'allée d'accès principale et deux ailes latérales. Elle comporte un étage. Elle présente en outre d'intéressants piliers de tuffeau aux chapiteaux sculptés, tant dans la cour qu'au portail extérieur donnant sur la rue saint Gilles.
Au cours du XIXe, le Clos Saint Gilles (ou Villa Saint Gilles), a eu un temps la vocation de pension de famille, le propriétaire étant alors M. Mongendre, maire de Saint Christophe. ".
Lionel présente l'exposition située auprès du pressoir
L’exposition
Au début du XXe, la demeure a été habitée par des négociants en vin, ainsi que le témoigne la présence d'un ancien pressoir toujours en état dans une des granges, ainsi que des fûts sculptés reposant sur des coussins sur les piliers d'entrée de la propriété. À noter que le terroir du Clos Saint Gilles figure dans l'AOC " Coteaux du Loir. »
Ces caractéristiques ont été utilisées par Lionel Royer, membre de l’association, pour réaliser une exposition rappelant toute l’activité liée à la vigne qui a régné durant de nombreuses années sur le territoire de la commune du XIXe à la première moitié du XXe siècle. Il y eut jusqu’à 29 patrons vignerons en 1866. En 1975, il n’en restait plus qu’un. Il en fut de même pour les tonneliers : 5 en 1866, 2 en 1936 et aucun en 1975. En 1836, la vigne couvrait 132,5 ha répartis sur 616 parcelles. Aujourd’hui, elles ont presque toutes été arrachées.
À côté des tableaux relatifs à cette activité quasi disparue, de nombreux outils et objets liés au travail de la vigne et du tonnelier étaient exposés et Lionel se faisait un plaisir d’expliquer, de commenter, de présenter l’ensemble du matériel et de répondre aux questions des personnes intéressées.
La convivialité est toujours présente lors des manifestations d'Histoire et Patrimoine. Merci à Jean et à Thierry
La convivialité
Dans ce cadre idyllique, une table, supervisée par Dominique et David, installée à l’ombre d’un tilleul et d’un superbe magnolia, présentait les publications de l’association mais invitait aussi les très nombreux visiteurs en restant dans le thème de la visite, à déguster quelques grappillons de raisin muscat et de se désaltérer avec un peu de jus de pomme local, les pommiers ayant depuis plusieurs années prit la place des vignes.
Pour les organisateurs, cette journée qui a déplacé 169 visiteurs (Brigitte tenait une comptabilité très précise) fut une vraie réussite. Les gens paraissaient très heureux de leur visite et ne semblaient pas vraiment pressés de quitter les lieux.
Ascott et Virgule avaient mis leur tenue de gala pour vous recevoir. Ils vous disent au revoir !