Les adhérents et sympathisants de la Libre Pensée castélorienne étaient réunis samedi après-midi, salle Chevalier, pour présenter le bilan moral et financier de l’association qui compte à ce jour, une trentaine d’adhérents.
Parmi l’assistance, on pouvait noter la présence de Hansi Brémond, président départemental de la Libre Pensée, de Stéphanie Doire, présidente de la section du Mans, et de Mathilde Roux, trésorière départementale.
Jacques Langevin, président de la section castélorienne, remercia les personnes présentes et donna lecture d’un message reçu après le décès de Daniel Moriette, libre penseur, qui assura le secrétariat de la section durant de longues années.
Un constat fut dressé sur l’adhésion des personnes à la Libre Pensée, une adhésion pas si évidente que cela. « À une certaine époque, beaucoup de personnes pensaient comme nous mais ne voyaient pas la nécessité d’adhérer » fit remarquer Jacques Langevin. Hansi Brémond précisa : « Maintenant, il y a des personnes qui nous rejoignent. En exemple, au Mans, le nombre de cartes vendues est en augmentation. Nous avons atteint la centaine d’adhérents. L’objectif que nous nous sommes fixés est de remonter des sections de Libre Pensée sur le département.»
Les points à l’ordre du jour traités, vint la partie « conférences » durant laquelle deux personnes intervinrent : Lionel Royer et Hansi Bremond.
Isabelle Destriché par Lionel Royer
Cette femme, hors du commun comme il va le démontrer, a vu le jour le 12 juin 1823, à Saint-Christophe-sur-le-Nais et alla très rapidement avec ses parents habiter à Château-du-Loir où elle épousa Gaston Destriché en 1843 et dont elle devint la veuve en 1873, à l’âge de 50 ans. Femme issue de la bourgeoisie, Isabelle Destriché œuvra durant toute sa vie pour venir en aide aux personnes défavorisées. Elle s’intéressa à de très nombreux domaines et se passionna pour leur évolution. Elle rédigea des articles pour différents journaux sur des sujets très divers, publia un livre, Les dimanches de la Mère Taboureau, où l’on devine aisément qu’elle se cache derrière son héroïne. Cette citoyenne aux idées très modernes pour son époque mena une vie de militante. Elle se plaisait à dire au vu des croyances et superstitions nombreuses à son époque : « L’instruction peut seule détruire les superstitions. » Son souhait était que chacun put vivre avec « une pensée libre, non soumise aux dogmes ». Elle fut à l’origine de la création de La Libre Pensée castélorienne. En 1910, lors de ses obsèques civiles, le député du sud de la Sarthe, M. Ajam, prononça ces paroles : "Son érudition la conduisit à cette conclusion que le développement de l'école laïque était une des conditions de la prospérité de notre pays. Elle fut courageuse aux heures les plus difficiles, elle a contribué, nous devons le reconnaître, à faire de ce coin de notre France, la terre privilégiée de la démocratie. Comme Le Monnier, notre excellente amie a voulu mourir plus attachée que jamais aux convictions qui l'avaient guidée dans toute sa vie et qui étaient le résultat de ses méditations. Elle respectait profondément les croyances religieuses d'autrui ; mais elle était persuadée que les règles des religions révélées n'étaient pas suffisantes à la direction des hommes. Libre penseuse, Mme Destriché a confié à des libres penseurs l'exécution de ses dernières volontés. Nous avons répondu à son appel".
Avant que le second orateur ne prenne la parole, Magdeleine Pierson présenta Marie Rimbault, sage-femme courageuse qui, au XIXe siècle, accouchait chez elle des filles-mères.
Cet intermède permit à Hansi Brémond de rebondir sur les femmes militantes libres-penseuses du XIXe siècle qui ont joué un rôle important dans le monde ouvrier.
Les femmes sont-elles libres de disposer de leur corps, de leur apparence, de leurs vêtements ? par Hansi Brémond
Ce sujet amène surtout à penser dans un premier temps aux femmes musulmanes. Le conférencier a tout d’abord mis en avant le rôle néfaste de certains médias comme ce fut le cas durant l’été pour le burkini. Le vêtement est souvent instrumentalisé pour appeler les gens à réagir contre l’islamisation de la France.
Couvrir le corps des femmes figure dans la religion islamique mais aussi, ne l’oublions pas, dans la Bible qui présentait les « femmes en cheveux » comme des femmes de petite vertu. Il cita de nombreuses références sur des cas de préjugés sexistes en lien avec la tenue des filles et des femmes, objets du désir des hommes. La femme est alors la coupable, belle inversion de la culpabilité !
Posons-nous quelques questions ?
Qui veut déshabiller les femmes, modifier leur apparence ? La publicité, la mode, les stylistes, la chirurgie esthétique qui imposent des modèles. Il faut répondre à des critères normés : la beauté, la jeunesse, être sexy, quelle que soit la région du monde où l’on habite ce qui amène les Africaines, les Asiatiques à modifier les caractères qui faisaient leur différence. Ce fut l’occasion d’aborder le problème de la sexualisation des enfants avec les concours des petites miss heureusement interdits en France.
Quelle est la position des Libres-Penseurs sur la tenue imposée aux femmes au travail ?
Les femmes doivent avoir l’entière liberté du choix du vêtement qu’elle souhaite porter : jupe ou pantalon, chaussures plates ou à talons. Seuls les choix imposés pour une question de sécurité ou de représentation sont acceptables. Au niveau de l’Éducation nationale, la circulaire de Jean Zay du 31 décembre 1936 complétée par celle du 15 mai 1937, précise qu’aucun signe religieux ne doit être affiché à l’école, ce qui permet une certaine égalité entre les enfants.
Le Libre Penseur combat encore et toujours toutes les religions et les met toutes sur le même plan d’égalité. Son combat concerne tous les dogmes et il est bien conscient que la liberté de disposer de son corps n’est malheureusement pas encore acquise d’où la nécessité de rester vigilant dans l’espoir qu’un jour, enfin, chacun sera libre de penser par lui-même sans obligation de devoir entrer dans un moule défini par avance.
Un petit débat s’est instauré ensuite parmi les participants et, bien confortés dans leurs idées, les Libres-Penseurs castéloriens se sont séparés avec l’idée de renouveler vers l’automne un nouveau moment d’échanges sur un thème qu’il reste à définir.