C’est dans le cadre du festival de Femmes en Campagne que David Bradesi a décidé d’ouvrir son atelier à Rouziers-de-Touraine où il est installé depuis 8 ans. Il a commencé à exercer son métier en 1998. Quand on lui demande : « Comment vous est venue l’idée de participer à ce festival ? », il répond très simplement : « C’est tout à fait par hasard. Mon fils fréquente l’école de musique de Neuillé-Pont-Pierre et c’est la directrice qui m’a demandé si j’accepterais d’y participer et j’ai répondu favorablement. »
David Bradesi devant l'orgue en réparation
Dans l’atelier, nous remarquons le long d’un mur un orgue en réparation. « Cet orgue vient d’Allemagne. Pour les restaurer quand je ne peux pas le faire sur place, je les démonte entièrement pour pouvoir les transporter. Cet orgue-là ne retournera pas en Allemagne car la ville d’où il vient en a acheté un autre. Une fois restauré, il partira dans le Bordelais. Il y a déjà un peu plus d’un an que j’y travaille.»
Est-ce que vous restaurez également le buffet ?
Oui, bien sûr. Je restaure l’orgue entièrement. Autrefois, le facteur d’orgue s’occupait de la partie produisant les sons et un menuisier travaillait le buffet.
Quelle formation avez-vous ?
J’ai suivi une formation d’ébéniste pendant 4 ans avec obtention d’un bac pro, puis une formation de facteur d’orgue de 3 ans et pour finir une formation de 2 ans pour les tuyaux. Je peux vous dire aussi que je jouais de l’orgue au conservatoire de Tours.
Quels métaux utilisez-vous pour les tuyaux ?
Du plomb et de l’étain. Pour ceux qui sont visibles en façade, on met un peu plus d’étain pour qu’ils soient plus clairs. Pour obtenir les bonnes sonorités il faut être à la fois très bon en mathématique car il y a énormément de calculs à faire, connaître la musique et avoir aussi une bonne oreille. Vous savez, seul le facteur d’orgue peut définir le rendu sonore.
À l'aide d'un compas de proportion, David Bradesi explique comment il calcule l'ouverture de la bouche sur le tuyau
Êtes-vous nombreux sur le territoire français ?
Une cinquantaine. Je suis souvent en déplacement parfois même à l’étranger (Allemagne, Belgique). Prochainement, je dois aller en Bretagne.
Y a-t-il beaucoup d’orgues en Touraine ?
Avant la Révolution, notre département était relativement riche. On trouvait des orgues dans de nombreux édifices. Beaucoup ont malheureusement été détruits pour récupérer le plomb. De nos jours, il en reste très peu et les associations ou les collectivités qui les ont en charge n’ont pas les moyens de les faire restaurer. Je vais vous raconter une petite anecdote. Quand j’étais jeune, je jouais de l’orgue électronique dans l’église de mon village, à Vernou tout en regardant l’orgue de l’église qui malheureusement ne servait plus. J’ai demandé l’autorisation d’aller le regarder de près, autorisation qui m’a été accordée mais avec quelques réticences. J’ai bien étudié l’instrument, repéré les différentes pièces défectueuses et petit à petit, le gamin que j’étais a réussi à rendre possible l’utilisation de l’orgue. J’étais très fier. À cette époque, j’avais déjà dans l’idée le métier que je voulais faire.
Une rencontre très intéressante avec un artisan passionné par son métier que le Festival de Femmes en Campagne permet de mettre à l’honneur.
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