L’an dernier, à la veille des Journées du Patrimoine, nous avions présenté un collectionneur d’autographes. Pour cette nouvelle édition, c’est une artiste, membre de l’association « Histoire et Patrimoine » qui nous dévoile son talent et sa magnifique collection d’enluminures. Modeste, elle ne souhaite pas que son nom apparaisse.
Vu sa formation et sa profession dans le paramédical, rien à première vue ne la destinait à se lancer dans cette activité artistique qui devint vite une passion.
Son enfance
Très jeune, avec une mère qui avait fait l’école du Louvre et s’adonnait à la peinture et une tante, artiste peintre, ayant vécu à la fin du XIXe siècle, à l’époque des impressionnistes, elle eut l’occasion à de nombreuses reprises de visiter des musées consacrés à l’exposition d’œuvres de grands maîtres de la peinture.
« À 82 ans, lors de ma naissance, ma tante a peint un tableau pour moi. Ce tableau est bien sûr toujours en ma possession et j’en suis très fière. Malgré cet environnement, je n’avais pas un don particulier pour la peinture. Je dois aussi vous dire que mon arrière-arrière grand-père possédait un magnifique livre qui date de 1840, relié et calligraphié par lui. Pendant toute mon enfance, j’ai été fascinée par ce livre qui avait été récupéré dans sa chambre. J’ai toujours été attirée par les livres d’Heures et leurs magnifiques illustrations.»
Quel fut le déclencheur qui vous amena à cette activité ?
Vers la quarantaine, après une psychanalyse, j’ai ressenti le besoin de peindre. Ce fut vraiment une période addictive. Mais, avec un pinceau, je ne pouvais rien faire d’autre que des points ou des traits très fins. Impossible pour moi de peindre une aquarelle. Ma peinture débouchait sur des œuvres microscopiques proches des enluminures. Par contre, j’adore la peinture sur bois. J’ai déjà décoré plusieurs meubles.
Mais alors, de quand date votre passion ?
En 2001, j’ai décidé de me lancer dans l’apprentissage d’écritures calligraphiées des XVe et XVIe siècles. J’en ai appris 5 ou 6 et j’ai réalisé quelques lettrines mais très vite j’ai souhaité me lancer dans la réalisation d’enluminures. En 2004, avec un maître enlumineur, meilleur ouvrier de France, j’ai obtenu mon diplôme de calligraphie latine, à l’Institut Alcuin de Saint-Cyr-sur-Loire. Régulièrement, chaque année, pendant plus de 10 ans, j’ai suivi des stages pour me former, me perfectionner, apprendre à préparer moi-même mes parchemins, mes pigments… Pour réaliser ces tableaux, cela nécessite beaucoup de matériel qu’il faut parfois faire venir de l’étranger et qui sont assez onéreux.
Pour la réalisation de cet ange, 3 sortes d'ors furent utilsées. Le relief demande un gros et minutieux travail.
Avez-vous beaucoup d’œuvres à votre actif ? Copies, créations ?
Je pense en avoir réalisé une trentaine. Ce sont toutes des copies d’œuvres émanant des livres d’Heures. Je ne me suis pas lancée dans des créations.
Pouvez-vous préciser ce qu’est un livre d’Heures ?
C’est un livre liturgique qui s’adresse aux catholiques laïcs. Les premiers livres liturgiques destinés aux laïcs sous la forme de livres d'Heures apparaissent pour la première fois dans le courant du XIIIe siècle en France et au sud des Pays-Bas. Ils succèdent ainsi aux psautiers plus répandus au Haut Moyen Âge et dont ils assurent à peu près la même fonction. Ils atteignent le sommet de leur popularité au cours du XVe siècle un peu partout en Europe, se standardisant peu à peu et se répandant dans de larges couches de la société. J’ai reproduit plusieurs enluminures venant du recueil « Les Très Riches Heures du Duc de Berry ». Ce qui me plaît dans ces ouvrages, c’est leur côté à la fois historique et pictural. Je possède quelques-uns de ces merveilleux ouvrages.
Combien de temps vous faut-il pour une œuvre ?
Selon les sujets, cela peut aller d’un peu plus de 10 h à une centaine d’heures. Comme vous pouvez le voir, pour protéger mes réalisations, je les encadre toutes moi-même.
Admirez la précision des détails
Avez-vous de nouveaux projets ?
J’aimerais bien me lancer dans l’étude et la copie d’enluminures persanes.
Vous devez exposer vos œuvres à Saint-Christophe-sur-le-Nais pour les Journées du Patrimoine. Avez-vous déjà participé à des expositions ?
Oui, à la mairie de Tours et à l’Institut Alcuin et une chapelle de Saint-Cyr-sur-Loire. C’étaient des calligraphies et des enluminures.
Copie d'une enluminure de Jean Fouquet provenant d'une version manuscrite du Jouvencel de Jean V de Bueil
Conclusion
Pour celles et ceux qui aimeraient découvrir et admirer le travail de cette artiste, une vingtaine de ses œuvres seront exposées à la chapelle Saint Gilles lors des prochaines Journées du Patrimoine, les 15 et 16 septembre.
L’association « Histoire et Patrimoine » envisage de créer des marque-pages illustrés par des enluminures de cette artiste.
La chapelle et le Clos Saint Gilles serviront de décor aux Journées du Patrimoine
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