Vendredi soir, la salle socioculturelle de Saint-Christophe-sur-le-Nais « Le <foyer » accueillait une quarantaine de personnes, jauge autorisée par Madame le Maire, après consultation auprès de Monsieur le Préfet, pour assister à la première et ultime manifestation de l’association « Histoire et Patrimoine » pour l’année 2020.
En ouverture de cette activité tant attendue, Philippe Larus, président de l’association, s’adressa au public en ces termes : « Merci à vous tous pour votre présence ainsi qu’à la municipalité représentée par André Lascaud, pour le prêt de la salle. Je tiens aussi à remercier tout particulièrement Fabrice Mauclair, notre docteur en histoire moderne, qui a accepté de donner sa conférence, prévue initialement pour le 27 mars dernier, devant seulement 40 personnes masquées, lui-même devant assurer sa prestation avec un masque. » Il aborda rapidement ce qui pourrait se dérouler en 2021, année qui marquera le 20ème anniversaire de l’association, et qui sera développé au moment de l’assemblée générale qui se tiendrait au mois de janvier si la Covid le permet !
Puis, il rappela brièvement les consignes à respecter avant de laisser la parole au conférencier après ces quelques mots : « Oubliez vos soucis pour la soirée et transportez-vous au XVIIIe siècle. »
Fabrice Mauclair se saisit du micro et débuta ainsi son propos : « Je suis heureux de pouvoir m’exprimer devant un public en présentiel et non plus en virtuel. Ma conférence de ce soir essaiera de répondre à cette question : « Connaissez-vous bien la justice du XVIIIe siècle ? À mon avis, sûrement pas. Voltaire, en son temps, a montré l’iniquité de cette justice vue d’un Ancien Régime très noir. Ma conférence va vous montrer la réalité de cette justice ordinaire des petits tribunaux qui fonctionnaient pour les gens du peuple. Mon travail est le fruit de mes recherches aux archives départementales et de mes lectures des travaux d’auteurs ayant travaillé sur ce sujet. La soirée se déroulera en 3 parties.» Et, aidé par un diaporama, Fabrice présenta son travail sur la justice en Touraine au XVIIIe siècle.
Où était rendue la justice sous l’Ancien régime ?
Il faut différencier la justice royale qui comptait 4 tribunaux en Touraine (Tours, Loches, Chinon et Amboise) et qui dépendait du Roi, de la justice seigneuriale avec ses 200 tribunaux. Cette justice était proche des habitants. On pouvait y ajouter les greniers à sel qui contrôlaient l’impôt sur le sel, la gabelle, et les officialités en lien avec la religion.
La justice était rendue dans de vrais palais de justice dont certains sont encore visibles de nos jours.
Les prisons avaient une sinistre réputation. Elles étaient petites, insalubres, et bien souvent des lieux d’abus de la part des geôliers. Mais, on pouvait aussi s’en évader facilement !
Les châtiments auxquels pouvaient être condamnés les justiciables (piloris, potence, roue, échafaud, salle de torture, gibets), servaient souvent à exposer les condamnés après leur exécution. De nombreux toponymes, tels que « les Justices » rappellent ces lieux d’expositions de condamnés qui, en fait, ne servaient plus à la fin du XVIIIe siècle.
L'ancien palais de justice de Château-la-Vallière avec son escalier et une porte de prison bien conservés
Les hommes de justice
Il y avait différentes personnes avec des fonctions bien définies.
Les juges reconnaissables à leur tenue vestimentaire et à leur perruque étaient assistés par le ministère public formé des avocats et procureurs du Roi ou fiscaux dont les vêtements permettaient de les différencier de la population. Il y avait un juge par tribunal. Les greffiers et huissiers étaient des salariés du tribunal.
À ces personnes, on peut ajouter les gardes forestiers, les gabelous, les commissaires de police et tout au bas de la hiérarchie, les geôliers et les bourreaux.
Pour accéder à la fonction de juge, il fallait être bien formé et être « gradué » en droit.
Les activités judiciaires
Elles touchaient des domaines variés : réglementer la vie sociale et maintenir l’ordre, veiller à la sécurité publique, contrôler les gens qui se déplacent (vagabonds, compagnons, domestiques,) protéger les personnes vulnérables (enfants abandonnés), enregistrer les déclarations de grossesses pour les femmes enceintes hors mariage, assurer la levée de cadavres, dresser les tutelles et curatelles, régler les contentieux civils (leur activité principale) et traiter les délits et les crimes.
En conclusion, le conférencier a dressé ce constat : « L’activité criminelle a baissé au profit de la conciliation gracieuse malgré une légère hausse avant la Révolution. La torture était très encadrée au XVIIIe siècle et se faisait toujours en présence d’un médecin. La justice se faisait au service des possédants et pas toujours impartiale. La justice pénale n’était pas inhumaine (influence des philosophes des Lumières). J’ai souhaité vous montrer une justice un peu moins caricaturale que ce que l’on a l’habitude de montrer. »
Échanges entre le conférencier et le public
De nombreux applaudissements saluèrent cette brillante prestation puis, le conférencier répondit aux nombreuses questions posées par un public séduit par la conférence.
Ensuite, certains se dirigèrent vers la table de vente où étaient proposés les derniers livres de Fabrice Mauclair en lien avec « La justice en Touraine au XVIIIe siècle » avant de regagner leur domicile sans avoir pu partager, comme à l’accoutumé, le verre de l’amitié qui clôturait chaque activité de l’association « Histoire et Patrimoine ».
L'après conférence
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