Chaque année, l’association à vocation culturelle « Achenu » organise une soirée « conférences ». Le programme de 2024 avait pour sujets : « Du Guesclin à la bataille de Pontvallain et au siège de Vaas pendant la Guerre de Cent Ans », par Jacques Chauvière, catonicien, membre de l’association locale de Chenu, et « Daphné du Maurier, son œuvre et ses ancêtres français » par Lionel Royer, membre de l’association « Histoire et Patrimoine » de Saint-Christophe-sur-le-Nais.
L'auditoire
C‘est donc devant une cinquantaine de personnes que Gilles Rochette, président de l’association, présenta le déroulé de la soirée et laissa la parole à Jacques Chauvière et à Du Guesclin.
Jacques Chauvière, passionné d’histoire, comme il se définit lui-même, scinda la Guerre de Cent Ans en 4 grandes phases avec pour chacune d’elle les faits historiques essentiels pour mieux les appréhender !
Bertrand Du Guesclin
Pendant que Français et Anglais combattent, un jeune noble breton, Bertrand Du Guesclin, né vers 1320, se trouve à la tête d’une petite compagnie alors que la guerre de Cent Ans bat son plein. Dans la province bretonne, 2 prétendants à la succession s’affrontent : Jean de Montfort, soutenu par les Anglais et Jeanne de Penthièvre, soutenue par le breton, Bertrand Du Guesclin, dont la devise est : « Le courage donne ce que la beauté refuse. »
Après cette action, il prend le maquis et sera fait prisonnier. Il s’évadera et participera au siège de Melun où il sera reconnu par le Roi qui, en 1366, le nommera connétable. Il épousera Tiphaine Raguenel, une belle érudite, en 1374, à Rennes et décèdera en 1380.
Du Guesclin est fait connétable - Différentes présentations de Du Guesclin (images Internet)
Ses campagnes dans notre secteur
Les Anglais étaient cantonnés sur les rives du Loir et sur Le Mans. Du Guesclin avec sa troupe quitte Caen le 1-12-1370. Le 3 décembre, il arrive au Mans avec 2000 hommes et libère la ville. Les Manceaux lui en sont très reconnaissants et l’évêque de la ville le bénit ainsi que sa troupe. Il fait une halte au château de Viré-en-Champagne où il fut bien accueilli ainsi que ses hommes. Des Anglais séjournent en ce lieu ! Du Guesclin et ses hôtes organisent une soirée pendant laquelle ils font la fête et abreuvent plus que de raison les Anglais. Alors qu’ils sont profondément endormis, Du Guesclin et 500 de ses hommes quittent le château pendant la nuit pour se rendre à Pontvallain situé à 48 km. Le temps est affreux, il fait froid et la région est assez inhospitalière car très marécageuse. Ils arrivent au petit matin au château de La Faigne. Les soldats traversent la rivière au gué de l’Aune. Les Anglais sont 20 fois plus nombreux mais Du Guesclin compte sur la surprise. En effet, ils courent dans tous les sens, surpris par les Français ! Beaucoup de morts sur le terrain. Après la victoire, retour au Mans.
Le siège de Vaas
Les Anglais récupérèrent le château et l’abbaye de Vaas au lendemain de la bataille de Pontvallain. Très réactifs, 200 Français se glissèrent dans les fossés à l’extérieur et le capitaine anglais et ses hommes, abrités à l’intérieur, furent attaqués. Cette bataille remportée par les Français fut très importante pour la suite et elle fut considérée comme glorieuse pour Du Guesclin.
Seul vestige de ces batailles, entre Pontvallain et Mayet, au lieu-dit « La Croix-Brette », un monument rappelle cette bataille de Pontvallain.
Cette intéressante histoire achevée, un petit entracte a permis aux auditeurs de se dégourdir les jambes et de déguster une boisson locale : jus de pommes ou vin rouge de Chenu. Certains en ont profité pour regarder l’exposition préparée par « Histoire et Patrimoine » en lien avec la seconde conférence de la soirée.
Pendant l'entracte
Le président d’Achenu, Gilles Rochette, incita alors les personnes à reprendre leur place pour écouter Lionel Royer, le second conférencier de la soirée, relater la vie et l’œuvre de Daphné du Maurier, la plus française des écrivaines britanniques.
Daphné Busson du Maurier naquit à Londres en 1907 et décéda dans les Cornouailles, région qu’elle affectionnait particulièrement, en 1989. Son père, Gérald Busson du Maurier, était un acteur metteur en scène et directeur d’un théâtre londonien très célèbre et sa mère, actrice de théâtre.
En 1925, elle vient en France pour ses études et pour parfaire son français.
Très tôt, Daphné se passionna pour la lecture et l’écriture et en 1928, elle publie ses premières nouvelles dans un magazine célèbre.
Au cours de sa carrière d’écrivaine, elle publia plus de trente ouvrages et nouvelles dont certains furent très célèbres et même adaptés pour le cinéma.
Un tout petit aperçu de son œuvre !
Après avoir présenté l’écrivaine, Lionel expliqua, en présentant la famille ancestrale de Daphné, quels liens unissent l’écrivaine et les villages de Chenu et de Saint-Christophe-sur-le-Nais.
Remontons au XVIIIe siècle, exactement le 8 septembre 1747. Ce jour-là, à Saint-Christophe, Mathurin Busson, maître-verrier à Chenu, épousa Madeleine Labbé, fille d’un avocat royal. Les jeunes époux s’installent à Chenu, dans la ferme du Maurier, proche du château de Chérigny, où travaille Mathurin. Ils auront 6 enfants dont l’aîné, Mathurin-Robert, qui devint maître-verrier et graveur sur cristal mais qui avait l’art de créer des situations impensables et peu honnêtes. Aussi, quand la révolution éclata, il en profita pour immigrer en Angleterre comme de nombreux nobles et c’est là, que pour être plus facilement intégrer dans leur milieu, il ajouta une particule à son nom et se fit appeler Busson du Maurier. Il s’inventa aussi un château dans la Sarthe.
En 1802, il revint en France sans sa famille. Un passager étant décédé pendant la traversée, il échangea ses papiers avec ceux du mort si bien que sa famille a cru qu’il était mort.
Le château de Chérigny et la ferme du Maurier
N’ayant pu revenir en Angleterre pour s’expliquer, ce n’est que plus tard que ses descendants apprirent leur véritable histoire. Daphné du Maurier a fait de nombreux voyages dans notre région pour retrouver son ascendance et visiter les lieux où vécurent ses ancêtres.
Il y a quelques années, nous avons fait découvrir à la romancière Tatiana de Rosnay les lieux où vécurent les ancêtres de Daphné. Elle était en train d'écrire "Manderley for ever", une biographie très complète sur l'écrivaine britannique !
Voilà, vous connaissez maintenant les liens qui unissent Daphné, l’Anglaise, avec notre territoire, Chenu et Saint-Christophe !
Après des applaudissements nourris, ce fut le moment de se restaurer avec quelques produits du terroir pour terminer cette sympathique soirée.