Un public nombreux et fidèle
Pour cette nouvelle réunion, les adhérents et sympathisants avaient fait le déplacement en grand nombre pour découvrir les deux exposés au programme de la soirée. Dès l’arrivée, une belle surprise attendait les adhérents à jour de leur cotisation, la distribution du cahier n°25 où figurait l’ensemble des exposés de la saison 2023-2024.
Michel Benoit, le président, précisa qu’il avait demandé 3 devis et que son choix s’est porté sur le moins cher et chacun a pu apprécier la qualité du travail !
Il a annoncé aussi qu’en rangeant les archives du club, il a trouvé d’anciens cahiers qui pourront être bradés aux personnes intéressées.
Avant le début de la séance, Pierre Dubois, membre du conseil d’administration, assisté du président et de Xavier, manipulateur, vérifia que tout était prêt pour lancer le premier exposé.
L’art et la mémoire de nos cimetières
Au cours de la saison précédente, Dominique Gérard avait présenté « L’histoire des cimetières de Château-du-Loir ». Pour ce second exposé, elle s’est appliquée, à l’aide d’une déambulation dans le cimetière actuel, à faire ressortir les richesses diverses situées dans les différents carrés du site.
Les monuments aux Morts
Quelles sont donc ces richesses ?
Dominique commença par s’arrêter devant 2 monuments aux morts situés en bordure de l’allée centrale : le monument commémoratif de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et le monument aux morts de la guerre de 1914-1918 et de 1939-1945.
Le premier se présente sous la forme d’une colonne en marbre blanc provenant de l’ancien cimetière, le cimetière Saint-Jacques. Cette colonne posée sur un socle est surmontée d’une urne.
Le second se présente sous la forme d’une stèle en granit surmontée de la croix de guerre et rend hommage aux 18 soldats morts des suites de leurs blessures dans les hôpitaux de Château-du-Loir.
Au cours de sa découverte du cimetière, en compagnie de Guy Hennequin, responsable local du Souvenir Français, elle a pu remarquer tant au niveau du carré militaire que, par-ci, par-là, des tombes abritant les corps de soldats « Morts pour la France » possèdent à leur pied un témoin de mémoire tricolore à l’initiative du Souvenir Français. Il y en a 65 à Château-du-Loir.
Comme le dit Dominique : « Le cimetière est un lieu de promenade qui m’a permis de me pencher sur plusieurs aspects de l’architecture funéraire au vu de la diversité des tombes de la plus simple à la plus élaborée. Au niveau des têtes de tombes, croix ou autres symboles, des épitaphes gravées dans la pierre, on peut se faire une petite idée de la personne qui repose en ce lieu. »
Puis, à l’aide d’un petit jeu, en présentant des plaques de rues de la cité castélorienne ou des bâtiments emblématiques de la ville, elle faisait deviner le nom d’un personnage célèbre de la commune étant enterré dans ce cimetière.
L’auditoire a bien joué le jeu et a été surpris par le nombre assez important de ces célébrités qui y reposent !
L’exposé de Dominique permettra à plusieurs personnes d’appréhender autrement une visite dans un cimetière !
À l’issue de cette prestation, Gisèle Chaudé, adhérente du Club, est intervenue à propos du nom de l’ancien cimetière, « le cimetière Saint-Jacques », qui se trouvait au niveau du Point du Jour. D’après elle, le nom de Saint-Jacques viendrait du fait qu’il se trouvait sur le chemin emprunté par les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Un court intermède pour préparer l’intervention suivante et la seconde partie de la soirée a pu commencer.
Prêts pour le second exposé
Angélique, comtesse de La Rivière
L’orateur, Pierre Dubois, membre du conseil d’administration, avait présenté cette personne brièvement lors de la dernière réunion du club en avril dernier. Depuis, il a pu étoffer ses recherches et il s’est particulièrement intéressé à la généalogie de cette comtesse !
Pour lui, tout a commencé avec un document figurant dans les archives du Club, lors de recherches sur les cimetières de la commune. Il s’agit d’une lettre adressée au préfet de la Sarthe, le 8 mars 1858. En voici le contenu : « Vers 1650, un de nos ancêtres a acheté dans le cimetière de Château-du-Loir la concession d’un terrain sur lequel il fit bâtir une chapelle sous le vocable de Saint-Jacques, il le consacra à une sépulture de famille pour lui et sa descendance.
Ce petit édifice (d’environ 6 m sur 5 m) renfermait un autel et la messe y était célébrée à certaines époques. La construction a été démolie en 1792…le terrain subsistant nous appartient. Le 27 novembre dernier, mon père officier supérieur en retraite, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’Honneur, est décédé au Château-du-Loir qu’il habitait. Il a été inhumé dans un lieu quelconque du cimetière de cette ville. »
Suite à cette lettre, quelques questions émergent :
- Qui est la personne qui a écrit cette lettre ? Elle émane d’une famille bien connue sur la ville, « Les Guillot de La Poterie ».
- Que demande-t-elle dans sa lettre ? La concession du terrain où se trouvait la chapelle afin d’y regrouper tous les membres de sa famille.
- Quels sont les arguments de cette réclamation ? La notoriété publique en s’appuyant sur des événements connus.
C’est ce que Pierre Dubois va donc exposer à la sagacité des auditeurs en s’appuyant sur un extrait d’arbre généalogique de la famille Guillot de la Poterie en commençant par l’arrière-grand-père d’Angélique, Joseph Guillot de La Poterie. Ce personnage, chevau-léger de la garde du roi, a été inhumé vers 1784 dans la chapelle Saint-Jacques. De même, le colonel Jacques Guillot de La Poterie fut inhumé en 1826 sur ce terrain d’où la demande d’Angélique de pouvoir y inhumer son père.
Parlons un peu de cette comtesse de La Rivière, âgée de 69 ans, lors de sa requête. C’est la fille d’Urbain Joseph Alexandre Guillot de La Poterie et d’Adélaïde Crépon. Par son mariage avec Clément Hippolyte Coustis de La Rivière, le 1er décembre 1835 à Tours, elle devient comtesse de La Rivière. Elle demeurera alors à L’Auberdière, gentilhommière du XVIIIe siècle, sise à Joué-les-Tours.
Revenons à la chapelle et au terrain revendiqués par Angélique.
Il faut savoir que le 10 mai 1686, Léger Guillot, prieur et sacriste de Saint-Guingalois, en présence du curé, le seigneur de Fontenaille et gouverneur de Château-du-Loir, Messire Paul Fréart de Chanteloup en a posé la première pierre dans une cérémonie de grand apparat ! L’inscription gravée sur la pierre posée par M. de Chanteloup rappelait la générosité du frère Guillot.
Léger Guillot appartenait à cette famille qui a donné plusieurs de ses enfants à l’abbaye du Mans ainsi que les premiers magistrats de la sénéchaussée de Château-du-Loir.
Pierre Dubois a présenté le résultat de ses recherches sur la généalogie de tous les Guillot de La Poterie cités dans son exposé.
Mais, on est en droit de se poser une question par rapport à la lettre initiale de l’exposé : «Cette lettre envoyée par Angélique a-t-elle eu une réponse ? »
Un mois plus tard, le 14 avril 1858, Marie Olivier Cullier, maire de Château-du-Loir, a fait une enquête sur cette chapelle et voici un extrait de son envoi au préfet :
« J’ai eu de la peine à trouver ici des personnes assez âgées pour se souvenir de l’existence de cette chapelle démolie il y a 70 ans. Les 3 personnes interrogées m’ont affirmé avoir vu cette chapelle et deux d’entre elles se rappellent y avoir vu inhumer M. Guillot de La Poterie, aïeul de celui qui vient de mourir. C’était avant la Révolution de 1789. Ce fut la dernière inhumation des membres de cette famille dans la chapelle. Par la suite, lors de leur décès, ils furent tous ensevelis dans le grand cimetière communal Saint-Jacques.
Les 3 personnes consultées n’ont pu m’indiquer les proportions et la situation de la chapelle. »
Conclusion : La requête de la famille est rejetée : le terrain ne leur ayant jamais appartenu !
C’est sur cette réponse décevante pour Angélique et surtout ses descendants, que s’acheva cette seconde réunion du club. Petite satisfaction pour les Guillot de La Poterie, l’Hôtel Guillot, situé près de l’école Gabrielle Legras a été classé par les monuments historiques le 26 novembre 1968 ! il reste encore dans les alentours des propriétés ayant appartenu à des membres de cette famille.
Rendez-vous est donné le 15 janvier à 20 h 30 pour la prochaine réunion du club.