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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 15:50

Vendredi soir, Histoire et Patrimoine proposait sa dernière conférence de l'année intitulée "Les Grands Voyageurs du Pays de Racan". Une première édition avait eu lieu l'an passé à la même époque. C’est Philippe Larus, président de l’association qui rappela brièvement les noms de ces "Grands Voyageurs"  avant d'annoncer le déroulement de la soirée en ces termes : « Aujourd’hui, vous allez découvrir 2 sagas familiales : Comment quatre sœurs nées à Tahiti se sont regroupées à Saint-Christophe et comment des Vikings ont mis un millénaire à parvenir dans le nord tourangeau. »

 

Philippe face au public
Philippe face au public

Philippe face au public

L'un des « poilus » de St-Christophe, mort au début de la guerre, était né à Tahiti, ce qui n'a pas manqué de nous intriguer. Dès le début de nos recherches, nous avons constaté qu'il n'était pas le seul « Tahitien » sur la commune dans les premières années du XXe siècle.

L'histoire commence avec François Keck, l'Alsacien, qui doit quitter précipitamment la France en 1851, après avoir été accusé de vol. Il se retrouve à New York, puis San Francisco et enfin Papeete qu'il rejoint en 1854 ; il a 23 ans. Il épouse en 1860 Léonie Ruis, née au Mexique et arrivée à Papeete avant 1856. Lui, est serrurier et ajusteur puis forgeron ; elle, est couturière. Trois de leurs 14 enfants sont nés avant le mariage puis reconnus par François. Ils vivent près de la toute nouvelle cathédrale, non loin du port et du marché comme la majorité des Européens de Papeete.

 

 

François Keck et son épouse Léonie RuisFrançois Keck et son épouse Léonie Ruis

François Keck et son épouse Léonie Ruis

Six extraits du journal « le messager de Tahiti » donnent une idée de la vie professionnelle de François, le forgeron, qui ferre les chevaux pour 7,50 francs par fer, en 1860, qui s'associe brièvement par deux fois à des Anglais et qui reçoit une prime de 100 francs lors de l'exposition de 1863, pour avoir construit une petite machine à gaz. En mai 1874, il devient employé au magasin des subsistances mais il est renvoyé en mars 1877 sans qu'on n'en connaisse la raison : ses démons se sont-ils réveillés ? Enfin, à 49 ans, il change complètement pour devenir restaurateur, profession très répandue à Papeete qui fourmille de nombreux petits restaurants, mais il complète ses revenus en s'affichant comme mécanicien : il est courant à Tahiti, à cette époque, d'avoir plusieurs emplois et d'en changer souvent. Se dessine alors le portrait d'un homme entreprenant, qui rebondit après une difficulté, certainement astucieux et au caractère bien trempé. mais pas très rigoureux sur l'honnêteté ! Il meurt en 1888, à 57 ans. Son épouse, qui avait déclaré ses trois aînés de père inconnu, était nommée alors Virginia, Juana, Dyonisia Delgado. Avant le mariage de sa première fille, elle obtient un jugement favorable pour que sa véritable identité figure sur tous les documents officiels, après avoir déclaré que certains événements l'avaient contrainte à fuir le Mexique et cacher son identité. Léonie gardera son mystère, car rien ne nous permet d'y apporter le moindre éclaircissement ! Elle décède en 1916 à 77 ans.

Une vue de Papeete

Une vue de Papeete

Un incendie, en décembre 1879 dans une maison de la Mission catholique, montre que le couple Keck et trois de ses filles se sont montrés efficaces pour sauver des meubles du rez-de-chaussée. De nombreux voisins sont ensuite venus à la rescousse, dont deux gendres de François et Léonie. La solidarité n'est pas un vain mot dans la petite colonie !

En effet, à cette date, deux demoiselles Keck étaient mariées, Maria, l'aînée, avec le Lyonnais Jacques Ribollet, sellier, ancien militaire, la seconde avec le Lorrain Edmond Zinguerlet, négociant, dont le frère est un ancêtre direct de Maréva Galanter, miss France 1999. Mais Edmond meurt à 28 ans. Sa femme, Henriette Keck, veuve avec deux jeunes enfants, se remarie avec Léon Longchamps, 35 ans, né à St-Christophe, officier et garde-magasin de la marine. Les deux couples, Ribollet-Keck et Longchamps-Keck sont très liés si bien que lorsque Léon et Henriette s'installent à St-Christophe dans la maison familiale de Léon, rue de la Tricotterie, Jacques et Maria les rejoignent et achètent une maison, rue des Tanneurs.

Les uns et les autres ne quitteront plus Saint-Christophe.

À Paris, en 1898, le fils aîné d'Henriette, Henri Edmond Zinguerlet, s'engage dans l'armée. Il a lui aussi beaucoup voyagé : campagne de Tunisie, du Tonkin, de Cochinchine, de Madagascar, puis retour en France au début de la Première Guerre. C'est lui, le natif de Papeete, qui est l'un des trois premiers « Morts pour la France » de la commune, ce terrible 22 août 1914, en Belgique.

Avant et après la guerre, deux autres sœurs Keck se sont retrouvées à St-Christophe. La dernière arrivée, Eugénie n'est pas restée très longtemps. Elle a résidé avec sa famille dans la maison de Maria, veuve depuis peu, rue des Tanneurs, puis est partie à Toulon.

Virginie était arrivée avant 1914 avec son mari, le Breton Mathurin Fléjo, et ses deux fils. Sa petite-fille, qui a vécu un moment à St-Christophe, a fréquenté un officier allemand pendant la Seconde Guerre. Elle avait 16 ou 17 ans. Alors qu’elle prenait des cours particuliers de piano auprès d’Élisabeth Le Port, elle a repéré des tracts dans le tiroir du bureau et a dénoncé la jeune institutrice qui est ensuite morte en déportation. Pourquoi ? Pour se venger d’Élisabeth qui lui aurait reproché de fréquenter des Allemands. Et comme si cela ne suffisait pas, la demoiselle, qui était aussitôt partie en Allemagne comme travailleuse volontaire, est revenue après le conflit en usurpant l’identité d’Élisabeth Le Port ! Évidemment, elle est rapidement démasquée. Elle est condamnée à vingt ans de travaux forcés le 20 septembre 1945 par la cour de justice d’Indre-et-Loire, mais elle est mise en liberté provisoire dès 1947 ! Elle vivra jusqu’à 92 ans, s’éteignant dans l’Eure, en 2017. Virginie, sa grand-mère, était morte à St-Christophe en 1945.

Ainsi, quatre sœurs Keck, avec leurs familles, se sont retrouvées plus ou moins longtemps en Touraine quand leurs maris respectifs sont retournés en métropole à la fin de leur vie professionnelle, et cela après une très longue navigation, sur plusieurs milliers de kilomètres, au travers de deux océans. Mais, comme on a pu le voir, aucune d'entre elles, ni aucun membre de leur famille, même né à Tahiti, n'était vraiment originaire de Polynésie !

Voici l'histoire des Tahitiens de Saint-Christophe contée par Claudie Mirault, Brigitte et David  Bonnaud-Doyen assistés à la technique par Michel Mirault, tous membres du Conseil d'Administration.

Voici l'histoire des Tahitiens de Saint-Christophe contée par Claudie Mirault, Brigitte et David  Bonnaud-Doyen assistés à la technique par Michel Mirault, tous membres du Conseil d'Administration.

À l'issue de la conférence, après quelques échanges entre les conférenciers et le public, chacun fut invité à partager le verre de l'amitié tout en feuilletant les diverses publications de l'association.  

Saint-Christophe-sur-le-Nais : Conférence "Histoire et Patrimoine"- Comment quatre sœurs nées à Tahiti se sont regroupées à Saint-Christophe

D'autres, plus curieux, se dirigèrent vers la table où David avait repris sa casquette de trésorier et proposait la toute nouvelle publication en lien avec la conférence du jour.

La nouvelle publication en vente 6 €
La nouvelle publication en vente 6 €

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Et, la soirée touchant à sa fin, quelques bénévoles aidèrent au rangement pour laisser le local en parfait état.

Merci à eux !

Merci à eux !

À suivre .....

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  • Retraitée de l'Éducation Nationale, restée très active, aime parler et faire parler de ma commune de résidence et faire partager mes diverses découvertes.
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Présentation du village

Bienvenue à Saint-Christophe-sur-le-Nais

L'histoire de St Christophe commence aux environs de l'an mil. A cette époque, les seigneurs d'Alluye y établissent une forteresse (motte féodale) visible dans l'enceinte du cimetière. Au XIe ou XIIe siècle, un donjon en pierres est alors construit et ses ruines témoignent de l'histoire du village.

 

Ce dépliant, disponible en mairie, permet de visiter la cité et de découvrir le riche passé de notre commune.
Ci-dessous, le coeur du village, la place Jehan d'Alluye.
 


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