Sur la commune de Saint-Paterne-Racan, à deux pas de Neuillé-Pont-Pierre, se trouve la Grange St Martin, construite par les moines de l'abbaye martinienne de Tours. Elle est déjà citée en 906. Cet édifice faisait partie de la prévôté d'Oé et servit de logis seigneurial au XIe siècle.
La Grange St Martin, croquis de Ferdinand Dubreuil.
La Grange St Martin, actuellement.
Elle fut vendue comme bien national en 1793 et achetée par Michel Bergey, oncle de Julie Bouchaud des Hérettes.
Julie (1784-1817) vécut dans cette demeure ses années d'adolescente. En 1804, elle épousa en l'église de St Paterne, Jacques Charles, célèbre physicien, chimiste et inventeur, de 38 ans son aîné. Il fut le premier à faire voler un ballon à gaz gonflé à l'hydrogène.
Portrait de M Charles, époux de Julie.
Julie qui souffrait du même mal que ses soeurs disparues dans leur vingtième année (22 ans et 20 ans), la tuberculose, fit une cure à Aix en Savoie. C'est dans cette ville, le 10 octobre 1816, que son destin croisa celui d'Alphonse de Lamartine qui, se croyant malade, avait décidé d'aller prendre les eaux en cette ville.
Ce jour-là, une tempête sur le lac du Bourget mit en péril la jeune femme, alors en promenade sur le lac. Le poète qui canotait également la sauva de la noyade.
L'abbaye d'Hautecombe où les amants aimaient aller se promener.
Ce fut le début d'une passion intense qui se termina en décembre 1817 par la mort de Julie. Elle avait 33 ans.
Le célèbre poème "Le Lac" fut inspiré par cet amour.
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !
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Un soir, t’en souvient- il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
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Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
Julie, la muse de Lamartine, est plus connue sous le nom d'Elvire.
Lamartine, portrait peint par Decaisne.
Bibliographie : Un soir t'en souvient-il ? de R. Engerand avec les illustrations de F. Dubreuil