En flânant le long des cours d'eau, des sources, on peut encore apercevoir quelques traces de ce que l'on nomme le petit patrimoine. Les lavoirs en font partie. Beaucoup de communes ont fait l'effort de les restaurer et de les mettre en valeur. Nous allons en découvrir quelques-uns.
Au bord de l'Escotais, à St Christophe-sur-le-Nais, le lavoir privé de la Perrine.
Petit historique.
Autrefois, la lessive se faisait au bord de la rivière, sur une pierre ou une planche et sans abri. C'est à la fin du XVIIIème siècle qu'à cause de la pollution industrielle, des épidémies et d'un besoin croissant d'hygiène, que les premières constructions de lavoirs sont apparues. La loi du 3 février 1851, qui vote un crédit spécial pour subventionner à hauteur de 30% la construction des lavoirs, a permis d'accentuer le phénomène.
Au centre du bourg, le lavoir de St Aubin-le-Dépeint, alimenté par une source dont on a longtemps vanté la qualité de l'eau.
Le lavoir, lieu de sociabilité dans le village.
Les lavoirs évoquent les souvenirs d'une époque révolue, rappellent que la vie des femmes était bien dure autrefois mais font aussi penser à l'animation qui y régnait les jours de lessives. Car autrefois, le linge se lavait au lavoir, en compagnie des autres femmes du voisinage et les commérages allaient bon train. L'endroit, dont le rôle social était extrêmement important, était parfait pour se tenir au courant des potins locaux et même des nouvelles du monde, lorsqu'elles arrivaient dans le coin.
Il permettait aussi aux femmes présentes de parler de leurs différends familiaux et donc de les ébruiter très largement, un secret n'étant bien gardé que lorsque tous ceux qui le connaissent sont décédés.
L'expression : "laver son linge sale en famille" serait due à Voltaire et fut réutilisée par Casanova et Napoléon avant de tomber dans le domaine des expressions populaires.
Sur la Vendeuvre, le lavoir de Villebourg, récemment restauré.
L'abandon des lavoirs
Ils furent progressivement abandonnés au cours du XXème siècle. A partir de 1950, ils furent remplacés dans certaines maisons par les machines à laver.
Les lavandières ont donc déserté les lavoirs. Seul le bruit de l'eau se fait entendre désormais, une eau qui ne transporte plus de traces de lessive et où les cancans ne sont plus colportés.
Le lavoir du Gué Couvert, à St Christophe, témoin d'une autre forme d'expression, certes actuelle, mais qui ne fait pas honneur à ses auteurs.
Le lavoir de Bueil-en-Touraine, bien restauré lui aussi.
Comment faisait-on la lessive ?
La lessive se faisait autrefois à la cendre de bois. On évitait la cendre du chêne ou du châtaignier car le tanin contenu pouvait tacher le linge.
On utilisait des boules de bleu qui, plongées dans l'eau de rinçage, rendaient le linge étincelant.
À la rivière, les racines de saponaire jouaient le rôle d'adoucissant.
Le linge pouvait être parfumé dans certains lieux, par des rhizomes d'iris.
Le lavoir de Neuvy-le-Roi, près du plan d'eau.
Le savon des lavandières
Autrefois, les lavandières fabriquaient elles-mêmes leur savon. Voici la recette.
Il faut :
un demi verre d'eau
un verre de suif de boeuf
deux cuillères à soupe de cristaux de soude.
Immerger lentement les cristaux de soude à chauffer.
Faire ramollir le suif.
Mélanger et battre jusqu'à obtenir une pâte homogène.
Verser dans un récipient et couvrir d'un carton.
Démouler après une journée puis laisser durcir deux à trois semaines.
À St Christophe, le lavoir du Gué Couvert, au bord de l'Escotais, avant qu'il ne soit recouvert de graffitis.
Vue sur la source qui alimente le lavoir des Bains.
Merci à Françoise pour ces 2 photos de St Paterne.