Vendredi soir, la salle Armand Moisant de Neuvy-le-Roi, accueillait une cinquantaine de personnes venues assister à la première manifestation de 2012 organisée par « Les Amis de la Chapelle Saint-André », en l’occurrence une conférence proposée par Fabrice Mauclair, docteur en histoire moderne, sur un sujet qu’il maîtrise particulièrement bien, la justice d’autrefois.
Avant de commencer la soirée, Madeleine Fargues, présidente de l’association, présenta son conférencier qui répondit : « Je vous remercie de m’avoir invité dans la salle Armand Moisant que je ne connaissais pas et surtout je tiens à rappeler que j’ai été collégien à Neuvy et je suis particulièrement heureux d’y donner une conférence. »
Sa conférence qui s’intitulait « Paisibles bonshommes ou brutes sanguinaires » posait surtout cette question « Nos ancêtres étaient-ils violents ? »
Le but de la conférence était donc de démontrer grâce à de nombreuses iconographies et d’authentiques documents si, oui ou non, nos ancêtres étaient plus violents autrefois que nous ne le sommes aujourd’hui en se basant sur des données historiques couvrant 500 ans, du Moyen-Âge au début du 19ème siècle. Il fallait surtout bien avoir en mémoire que durant toute cette période, nos ancêtres étaient des ruraux pour 80 à 90% d’entre eux et leurs conditions de vie étaient très dures. Fréquentes sont les représentations anciennes où la violence semble quotidienne.
Après avoir répertorié les différents types de violences (violences de voisinage, de guerre, d’état, insécurité sur les routes, insultes,..) comment peut-on mesurer cette violence dans les sociétés d’autrefois ? Fabrice Mauclair s’est appuyé sur différentes sources :
- sources judiciaires liées à la justice seigneuriale (supprimée à la Révolution). On en comptait environ 200 en Touraine.
- registres d’audience concernant plutôt les dettes, problèmes familiaux, petite criminalité
- minutes du greffe pour les procès verbaux des gardes des eaux et forêts et les procès criminels
- minutes criminelles qui concernent 60% des affaires de violence
Le déroulement normal d’une affaire commençait par la plainte déposée par la victime, puis les informations ou dépositions des témoins suivies de l’interrogatoire du présumé coupable et phase finale, la sentence criminelle. Seules les affaires très graves allaient jusqu’au bout de la procédure. Beaucoup s’arrêtaient bien avant.
Quand on parle de violences, il faut distinguer les différents types rencontrés : violence verbale (insultes, injures), violence physique (coups et blessures) et homicides volontaires ou involontaires.
En étudiant plus particulièrement « La violence dans la Gâtine tourangelle au 18ème siècle », qui comprenait 3 tribunaux (Château-la-Vallière, Saint-Christophe et Marçon), Fabrice Mauclair a pu établir un relevé qui montre qu’au cours du 18ème siècle, toutes violences confondues, la justice de Château-la-Vallière a traité 553 affaires et le tribunal de Saint-Christophe 171, ce qui fait une moyenne de 5,4 affaires par an sur le duché-pairie de la Vallière soit 0,5 pour 1000. Si on compare avec les chiffres d’aujourd’hui qui sont de 5 pour 1000 on peut conclure en disant : « Pour la violence ordinaire, nos ancêtres n’étaient pas si violents que ça ! » Mais, pour les homicides qui étaient de 5 pour 100 000 alors qu’aujourd’hui ils sont de 0,7 pour 100 000, la réponse est différente. Mais, la vraie réponse réside peut-être dans le fait que la médecine était beaucoup moins présente dans nos campagnes.
La conclusion apportée par Fabrice : « Depuis le Moyen Âge, nos ancêtres sont de moins en moins violents et la courbe continue à descendre » ne peut que satisfaire et rassurer tout le monde.
Fabrice présente son livre qui reprend plusieurs affaires criminelles dont le duché-pairie de la Vallière a été le théâtre.
Prochaine conférence avec Fabrice Mauclair : vendredi 16 mars, à 20 h 30, au foyer rural, sur la ville de Richelieu, organisée par « Histoire et Patrimoine » de St Christophe. Entrée gratuite.