Hier, à l'invitation des Amis de la Chapelle Saint-André de Neuvy-le-Roi, l'Académie des sciences, art et belles lettres de Touraine tenait une séance décentralisée, ouverte au public, salle Armand Moisant. Une petite centaine de personnes avait su profiter de cette opportunité pour suivre quatre conférences tournant autour de la famille des Bueil.
Patrick Cintrat, maire de la commune, souhaita "bienvenue à Neuvy-le-Roi et au Pays de Racan" aux trente "académiciens" venus de l'agglomération tourangelle et les remercia "pour le choix de notre territoire pour cette séance décentralisée" et il les invita à "découvrir les richesses du nord Touraine : patrimoine bâti, paysages, et aussi ses habitants." Il adressa des remerciements à Madeleine Fargues, présidente des Amis de la Chapelle Saint-André, et à Bernadette Beaumond, pour la mise en oeuvre de cette journée.
Jean-Mary Couderc, président de l'Académie, remercia le maire de Neuvy, pour la mise à disposition d'une "aussi belle salle". Il adressa un petit salut amical à la famille Babonnaux qui avait acheté la chapelle et l'avait ainsi préservée de la dégradation avant qu'elle ne devienne propriété de la CCRacan.
Puis, il fit un petit commentaire sur les richesses de notre territoire, précisa que pour lui, Bueil et Beuil sont identiques et que lui, pour sa part, préférait la seconde prononciation. Il adressa un petit clin d'oeil à la famille Gérin dont les travaux sur Saint-Christophe furent d'un grand intérêt.
Ces prises de paroles achevées, le programme de la matinée put commencer.
Le 1er intervenant, Jean-Mary Couderc, entretint l'auditoire sur "Les mottes castrales et donjons primitifs au nord de la Touraine".
Selon lui, beaucoup des renseignements venant de l'époque féodale, nous viennent de la tapisserie de Bayeux. Il présenta les différents types de mottes qui ont existé. Une motte était toujours accompagnée d'une basse-cour et d'une chapelle. Ce sont les mottes castrales qui ont inscrit les seigneuries médiévales. Beaucoup de mottes mentionnées sur les anciens cadastres ont malheureusement disparu.
À Saint-Christophe, on trouve encore une belle motte de rebord de plateau avec un donjon construit au pied. Le cimetière correspond à la 1ère basse-cour alors que l'église a dû être construite dans la 2ème basse-cour.
L'intervenant suivant, Jean-Jacques Loisel, fit un exposé sur "Les Bueil et les Ronsard par delà la forêt de Gâtines".
Son objectif était de prouver qu'aux 15e et 16e siècles, les limites de la forêt de Gâtines étaient moins rigides que de nos jours.
Les familles de Bueil et de Ronsard se côtoyaient (ils rendaient hommage au même seigneur : le comte de Vendôme), les biens des uns passèrent aux mains des autres ( Jean de Bueil vendit le domaine du Portau à Claude de Ronsard) et des mariages eurent lieu entre les deux familles (Louis II de Ronsard épousa Anne de Bueil). Nous pouvons voir les armes des deux familles dans le manoir de la Possonnière.
Lors d'une courte pause où chacun put se restaurer avec boissons chaudes et viennoiseries offertes,
les travaux d'associations locales sur l'histoire de ce territoire étaient proposés sous formes de plaquettes ou de livres aux personnes intéressées par la découverte de notre riche patrimoine. Puis tous regagnèrent leurs places pour la seconde partie de la programmation de la matinée.
Fabrice Mauclair présenta un sujet inédit "Nouvelles données sur un acte de vandalisme concernant les cercueils en plomb des Bueil (circa 1770)". Il rappela que la collégiale de Bueil fut édifiée par les sieurs de Bueil et que, dans la crypte, les défunts de la famille y étaient placés non pas dans les tombeaux en pierre représentant les gisants et découverts endommagés en 1868, mais dans des cercueils en plomb et en cuivre.
Dans cette crypte, il y avait 13 cercueils en plomb et un en cuivre contenant les corps des membres des Bueil-Sancerre. Or, au début des années 1770, les cercueils conservés dans le caveau funéraire firent l 'objet de profanation. C'est dans le fonds de la Châtellenie de Bueil, aux archives, que Fabrice a trouvé les traces de cette histoire, une plainte ayant été déposée le 23 mars 1776 pour profanation, sacrilège, sur les cercueils contenus dans la cave. Et l'on s'aperçut que les vols duraient depuis au moins 6 ans suite aux 28 témoignages recueillis après le monitoire du 29 avril 1776. Il découla de ces témoignages que les vols furent commis par les chanoines avec des complicités et que cela durait depuis plusieurs années. Certains cercueils ont été transportés à la Chartrie, à Saint-Christophe, chez le faïencier Épron. Mais, la sentence ne figurant pas dans le dossier, on ignore quelle peine fut infligée aux voleurs.
Pour terminer la matinée, Philippe Larus présenta "Les Bueil dans l'oeuvre de Dumas".
Alors qu'Alexandre Dumas ne connaissait pas la famille de Bueil, parmi les 37267 personnages qui peuplent son oeuvre, 6 personnes de la famille de Bueil figurent parmi eux.
Dans "Les trois mousquetaires", Anne de Bueil revêt les traits de Milady de Winter et d'Artagnan n'hésite pas à se faire passer pour le comte de Wardes. Dans "Le comte de Moret", ce sont Jacqueline de Bueil et son fils Antoine de Bueil Bourbon qui sont évoqués. "Le vicomte de Bragelonne" emprunte quelques idées aux "Bergeries" de Racan.
Une matinée culturelle pour le plaisir de tous les participants qui s'acheva par une visite de la chapelle Saint-André.
Le repas de midi pour les "académiciens" était prévu à l'auberge de l'Escotais et des visites étaient programmées sur le territoire pour l'après-midi : église de Saint-Paterne, caves sous la motte féodales à saint-Christophe, polissoir à Hodebert et résurgence de la Duye.