A l'occasion de la 18ème Nuit internationale de la chauve-souris, la LPO Touraine invitait petits et grands à partir à la découverte de ces animaux mystérieux et souvent méconnus.
Dès 17 heures, près de 40 personnes se sont retrouvées sur le site de la Clarté Dieu, à Saint-Paterne-Racan, en présence de Julita et Patrick Moussette, propriétaires des lieux et des représentants de la Ligue de protection des oiseaux de Touraine, dont Étienne Sarazin.
La soirée débuta par des visites dans les immenses souterrains de l'abbaye, souterrains ayant servi de carrières de pierre puis pour la culture des champignons de Paris. Ces cavités, aujourd'hui désertées, servent d'habitat aux chauves-souris. Sous la direction d'Étienne Sarazin, dans des interstices du plafond, au-dessus de guano déposé au sol, on a pu apercevoir une chauve-souris, immobile au fond de son abri. Avant de quitter les lieux, ce monsieur installa un récepteur à ultrasons pour suivre les mouvements des petits locataires des cavités.
Puis, c'est vers d'autres caves, nombreuses sur le site, que tous les participants purent aller, par petits groupes pour ne pas les effrayer, à la recherche de ces petits mammifères. Certaines ont même investi la charpente au-dessus du réfectoire des frères convers et cohabitent avec une de leurs prédateurs, la chouette effraie.
Observation des traces de guano sur le sol du réfectoire
Cette première partie découverte fut suivie d'un diaporama qui permit de mieux connaître ces animaux.
Les chauves-souris sont les seuls mammifères au monde capables de voler grâce à leurs mains transformées en ailes. Leurs doigts très allongés sont reliés par une fine membrane de peau appelée patagium qui permet le vol. Leur nom scientifique, chiroptères signifie d’ailleurs « qui volent avec ses mains » (chiro = main ; ptère = aile).
Les chauves-souris se suspendent au repos le plus souvent la tête en bas. Grâce à un ingénieux système, leur cerveau ne se trouve pas inondé. Mais le plus surprenant se situe au niveau de leurs pieds. Ces derniers ont subi une rotation de 180° par rapport aux nôtres ce qui permet une accroche facile.
De plus, quand une chauve-souris est suspendue, son propre poids exerce une traction sur des tendons qui maintiennent les griffes en position d’accrochage, tout ceci sans aucune consommation d’énergie musculaire. Cette adaptation permet ainsi aux chauves-souris de rester suspendues pendant de longues périodes, l’hibernation par exemple.
Les chauves-souris ne sont pas aveugles, mais leur vue – équivalente à la nôtre – est trop peu développée pour leur permettre de se déplacer dans l’obscurité. Elles ont donc développé un sixième sens, l’écholocation. Ceci leur permet de se déplacer dans l’obscurité et de repérer leurs proies.
Un murin une noctule
Toutes les chauves-souris d’Europe sont insectivores. Par exemple, une pipistrelle dévore jusqu'à 600 moustiques en une seule nuit et une colonie de 500 grands murins consomme une tonne d'insectes en une année ! Pour se nourrir, elles peuvent en une nuit parcourir jusqu'à 40 kilomètres.
Une colonie de chauves-souris
Elles sont également caractérisées par un comportement social très avancé basé sur l’entraide entre individus d’une même colonie qui peut comporter un très grand nombre d'individus.
Les chauves-souris sont des espèces à reproduction lente : un seul jeune par an et par femelle. Bon nombre des jeunes vont mourir avant leur premier anniversaire. Le renouvellement des populations est donc très lent ce qui rend les chauves-souris vulnérables. Ce faible renouvellement des populations est compensé par une longévité importante pour des animaux de si petite taille. Les Pipistrelles (taille d’un pouce, poids de 4 à 10 grammes) vivent ainsi entre 4 et 6 ans à l’état sauvage.
des rhinolophes
Un Grand Rhinolophe (15 à 30 grammes pour 4-5 centimètres de longueur) a été observé jusqu’à l’âge de 32 ans, mais le record absolu est détenu par un Murin de Brandt (1,9 à 2,4 centimètres de longueur pour un poids de 33 à 40 grammes) âgé de 41 ans !
Si les chauves-souris ont peu de prédateurs naturels (chouette effraie, fouine), le chat domestique peut capturer un certain nombre d’animaux. Mais une fois de plus, c’est l’homme par ses activités qui peut entraîner des mortalités fortes chez les populations de chauves-souris (traitements, destruction des habitats).
Une fois tous ces renseignements bien acquis par les spectateurs, la pose pique-nique fut la bienvenue. Chacun s'étant restauré et la nuit commençant à tomber, tout le petit groupe se déplaça sous la canopée à l'arrière de l'abbaye pour assister à un véritable spectacle son et images.
Équipés de détecteurs à ultrasons, les membres de la LPO nous faisaient découvrir les cris des chauves-souris alors que les pipistrelles, grands murins, rhinolophes et noctules tournoyaient au-dessus de nos têtes en quête d'insectes avant d'aller se réfugier dans leurs habitats respectifs. Vers 22 heures, alors que la nuit était bien tombée, les va-et-vient cessèrent et, petit à petit, chacun regagna son logis, enchanté par cette soirée inhabituelle passée dans la nature à la découverte d'un petit animal inoffensif et méconnu, qui mérite d'être préservé.
Quelques photos viennent du Net.