Installée sur Saint-Paterne-Racan dans la ZA de la Noiraie, cette entreprise de couverture-charpente-zinguerie, s’est un peu délocalisée à Château-du-Loir dans un ancien garage de l’avenue Jean-Jaurès pour y développer la partie zinguerie et ornementation. C’est dans ce local où se trouve la salle d’exposition et où l’on peut admirer les chefs d’œuvre des apprentis de l’entreprise que Pascal et Thomas Martineau ont tenu à ce que chacun des six apprentis ayant concouru au titre de MAF se présente et pose à côté de sa ou ses réalisation(s).
Pascal, à gauche, et Thomas, à droite, encadrent leurs 6 apprentis, tous MAF, avec leurs chefs d'oeuvre.
Pour la présentation, la tenue exigée par le patron pour chacun de ses apprentis, c’est le pantalon de velours noir, la chemise blanche griffée au nom de l’entreprise et le petit gilet noir. Mais, dès qu’ils repartent au travail, pas question de conserver la même tenue. Le pantalon est toujours noir mais la chemise en tissu écossais à dominante noir et en drap plus épais s’avère plus fonctionnelle sur un chantier.
Tous les apprentis ont quitté le collège après leur classe de 3ème et, à part un, le brevet en poche. Pour entrer apprenti chez Martineau, il faut un bon niveau de culture générale ce qui ne nuit pas à la bonne pratique d’un métier manuel. Comme le souligne Pascal : « L’artisanat, c’est le royaume des mains et du cerveau. En effet, quelqu’un qui est très adroit de ses mains mais qui n’a rien dans la tête aura du mal à réussir pleinement son métier manuel. Il en est de même pour celui qui a une tête bien pleine mais qui manque de dextérité. »
Faisons connaissance avec les apprentis.
Antoine Coumoul, 21 ans, est né à Lyon. Il habite Avoine depuis 10 ans et est entré en apprentissage chez Martineau il y a deux ans comme charpentier. « J’ai toujours été intéressé par le bois et je voulais faire un métier en rapport avec ce matériau. En 2015, j’ai préparé le concours de MAF charpente et j’ai obtenu une médaille d’or départementale et d’argent en régional sur la région Centre. Cette année-là, j’ai aussi suivi une première année de BP à la fédération compagnonnique de Tours. À sa fermeture, j’ai continué sur Blois. Je passerai mon BP en juin 2017. Ensuite, je souhaiterais devenir chef d’équipe. Mon métier me plaît et je ne regrette pas mon choix. »
Quentin Longet, 18 ans, vient de Sillé-le-Guillaume. Il a intégré l’entreprise il y a un peu plus d’un an. Auparavant, il avait suivi une formation de couvreur et obtenu son CAP. « Ici, je fais une formation de couverture-zinguerie. Au concours de MAF zinguerie, j’ai obtenu deux médailles, une départementale et une régionale en 2016. En ce moment, je prépare un CAP charpente et en 2017, je tenterai le MAF charpente sur la région Centre. Mon projet, c’est de faire des études supplémentaires et de rester quelques temps chez Martineau. Et, plus tard, pourquoi ne pas monter ma propre boîte ? »
Victor Deligny, 17 ans, est originaire de Rouziers-de-Touraine. Il est dans l’entreprise depuis 2 ans ½. Actuellement, il prépare une mention complémentaire en zinguerie. « En 2016, j’ai obtenu une médaille d’or départementale et d’argent en régional en couverture, en Pays de Loire car j’étais en CFA au Mans. J’ai travaillé deux ans dans cette spécialité. L’année prochaine je serai présenté au MAF zinguerie. J’ai en projet de passer un CAP charpente et un BP couverture. »
Matys Leconte, 17 ans, vient de Nîmes et est hébergé chez ses grands-parents au Mans. « J’ai fait mon stage de 3ème dans l’entreprise et ce métier m’a plu. En 2016, au MAF couverture, j’ai eu deux médailles d’argent, une départementale et une régionale en Pays de Loire. En ce moment je prépare le MAF zinguerie pour 2017. Je vais passer mon CAP charpente et un BP couverture. Je ne regrette pas d’avoir choisi cette voie. »
Quentin Hugon, 20 ans, est le seul originaire de Saint-Paterne-Racan. Il a toujours été tourné vers ce métier avec son grand-père couvreur qu’il secondait parfois. Son stage de 3ème s’est bien sûr déroulé dans l’entreprise Martineau et, dès le brevet en poche, sa place l’attendait. «En 2016, au MAF couvreur, j’ai obtenu une médaille d’or en départemental et d’argent sur la région Centre et, en zinguerie, deux médailles d’argent. Je suis en 2ème année de charpente. J’ai en projet de passer un BP couverture et par la suite, peut-être un bac pro. Je suis heureux du choix que j’ai fait avec ce métier. »
Nolan Poirier, 19 ans, est venu en voisin de Saint-Pierre de Chevillé. Avant d’entrer chez Martineau, à l’issue de sa 3ème, il a préparé un CAP couverture en deux ans dans une autre entreprise. Puis, il a rejoint la ruche où les MAF sont chaque année un peu plus nombreux. « En entrant dans cette entreprise, j’ai préparé deux MAF, un par an et, dans ma troisième année, j’ai préparé une mention complémentaire en zinguerie et je me suis présenté à deux MAF, l’un en zinguerie et l’autre en ornement. En tout, j’ai obtenu 6 médailles d’or. Je suis passé deux fois au national. Au début de l’an prochain, je serai reçu au Sénat. Pascal, mon patron m’y accompagnera. C’est une grande fierté pour moi. Pour le travail de couverture et de charpente, ça se fait à Saint-Paterne mais pour l’ornement et la zinguerie, je vais à Blois et c’est un formateur MOF qui enseigne ces deux pratiques. En ce moment, je prépare un CAP charpente en deux ans et je souhaite ensuite obtenir un BP de couvreur sur Angers puis un bac pro. Chez Martineau, l’apprentissage, on le fait sur le tas. Je souhaitais dès le début faire un métier d’extérieur et manuel, je suis comblé.»
Après avoir écouté les apprentis, tous très heureux par le choix de leur futur métier et de l’entreprise qui les forme, c’est au tour de Pascal et de Thomas Martineau de s’exprimer. Pascal précise qu’ils ont eu un autre apprenti, Adrien Gouaux, 19 ans, qui a aussi obtenu deux médailles une en or départementale et une en argent en régional, mais qui a quitté l’entreprise.
« Cette année, nous avons présenté 5 candidats sur 6 au concours de meilleur apprenti de France. C’est la première fois qu’un MAF ornement était présenté car c’est seulement la seconde fois que ce concours est organisé et il a obtenu une médaille d’or. 2016 est pour nous, notre meilleure année avec 9 médailles d’or et 5 d’argent. Pour nous, l’apprentissage doit être amené à l’excellence. Je pense que beaucoup de lycéens pourraient s’intéresser aux nombreux métiers d’art mais pour cela, il faut savoir les passionner. »
Et, Thomas ajoute : « Les formations que nous offrons à nos apprentis nous permettent de réaliser avec eux de très beaux chantiers chez nos clients. Les faire concourir aux différents MAF représente pour nous un investissement très lourd mais, pour une entreprise comme la nôtre qui traite la restauration du patrimoine architectural ancien, c’est l’occasion de les former sur de beaux chantiers. »
Puis, son père rajoute : « Au fait, Nolan vous a t-il dit qu’il est passé à FR3 région Centre début octobre ? En plus de toutes ses médailles, il est sorti major de sa promotion en zinguerie sur la région Centre. Il a reçu le prix régional de la Chambre des métiers du Loir-et-Cher. »
Un aperçu des chefs d'oeuvre exposés avenue Jean-Jaurès à Château-du-Loir
« La création de notre entreprise à Château-du-Loir nous permet de développer la zinguerie et l’ornement et donc d’emmener les jeunes sur l’évolution de l’entreprise. Cela nous donne de la place pour exposer les maquettes réalisées par les apprentis pour les concours de MAF et montrer aux gens que, de la maquette au chantier, c’est pour nous le même travail minutieux» précise Thomas.
On ne pouvait pas se quitter sans évoquer le cas de leur apprenti fétiche, Aurélien Milon, qui avait de grosses difficultés scolaires et qui, du jour où il a été pris en main par les Martineau père et fils et qu’il a pu faire quelque chose qui le passionnait, s’est transformé totalement. Ils ont cru en lui et maintenant, Aurélien, à 24 ans, avec ses 9 médailles d’or, est chef de chantier et formateur et a mené le beau chantier de restauration de l’église de Braye-sur-Maulne.
Laissons Pascal conclure cette rencontre : «La France va bien parce que certains artisans s’y donnent, croient en leur métier et ne comptent pas leur temps pour arriver à sortir des apprentis par l’excellence.»
Nous aurons l’occasion de reparler dans quelques mois de la famille Martineau dans un tout autre domaine que celui de l’entreprise de charpente-couverture. À suivre…