Samedi, à l’occasion de la Journée Internationale des forêts (JIF), de nombreuses animations étaient proposées dans la forêt de Bercé, forêt dite d’exception depuis l’année 2017. Après le succès rencontré l’an passé lors de JIF, les organisateurs ont décidé de reconduire des manifestations sur le site de la forêt.
Nous avions décidé de participer à l’une de ces animations le samedi après-midi au départ du rond de la croix Marconnay. C’est Yves Gouchet, ancien forestier ONF, écrivain et passionné d’archéologie et de forêts, qui animait l’atelier que, comme une vingtaine de personnes, nous avions choisi, « À la recherche d’indices archéologiques ».
Après avoir commenté les panneaux installés à cet endroit il présenta des cartes de la forêt pour expliquer un peu son histoire.
Ainsi, une carte de 1706 nous apprend que la forêt n’était alors pas percée, ce qui signifie qu’il n’y avait pas de routes à l’intérieur. Sur la carte Cassini, c’était sensiblement pareil, mais la route St Vincent-du-Lorouer – Château-du-Loir et la route de Lavernat apparaissent. En 1780, on voit apparaître de nouveaux chemins…
Au néolithique, on constate un très fort boisement mais, avec l’augmentation de la population, les plateaux vont être de plus en plus défrichés. Recouverts de limon, ils offrent de bonnes terres pour les cultures, les pâturages. La présence de nombreuses mares est aussi un atout. D’après Yves Gouchet, on en dénombre 365 dans la forêt.
Sur un ferrier, à la recherche du mâchefer
Entre 400 av JC et 50 ap JC, le fer fut exploité dans la forêt de Bercé. Sur de nombreux sites, on retrouve des ferriers, endroits où restent de nombreux déchets de mâchefer datant de cette époque ainsi que des trous d’eau. Pourquoi du fer en forêt de Bercé ? Sur les plateaux, un grès ferrugineux s’est formé dans le limon au niveau de l’argile ce qui a créé une couche très dure, la tourte, infranchissable pour les racines des arbres.
L'ancien emplacement de la Croix Marconnay que l'on délimite mieux avec la photo prise par Yves Gouchet
Toutes ces informations données, nous allons « lire » le paysage de la forêt en commençant par l’emplacement antérieur du rond de la croix Marconnay, un peu plus à l’intérieur de la forêt. L’endroit est bien délimité par des fossés. Il fut déplacé à son emplacement actuel en 1843, pour faciliter les déplacements lors des chasses à courre.
À l’époque où de nombreuses fermes étaient présentes dans la forêt, le fermier devait entretenir le fossé qui bordait son terrain. Il récupérait la terre et pouvait garder le bois des arbres abattus situés à une « sabotée » du fossé.
Grâce à de nombreuses prises de vues faites grâce au LIDAR, sorte de scanner aérien, on peut retrouver les traces des fossés, des chemins, des anciens camps, de toute l’archéologie ancienne de la forêt. C’est assez spectaculaire !
On aperçoit les traces de fossés
Lors de notre balade autour du point de départ, nous avons pu mieux comprendre les différents marquages sur les arbres. Ainsi, un triangle jaune orangé nous indique que tel ou tel arbre est à conserver pour la biodiversité car il sert de refuge à certains animaux.
Exemples d'arbres à conserver pour la biodiversité
Yves Gouchet nous a conduits vers une mare, bien ronde, qui aurait été formée dans la nuit du 13 au 14 avril 1943, lorsque 2 Lancaster auraient lâché 2 bombes sur Bercé.
Nous avons vu d’autres mares de grande taille qui étaient pour l’une un trou d’exploitation et pour l’autre, une mare artificielle ayant servi au départ pour l’extraction du minerai de fer et qui a été agrandie par les chasseurs.
Des mares creusées par l'homme
Dans ce secteur, se trouve le remplaçant du chêne Boppe, le chêne Lorne, chêne d’avenir, âgé de 220 ans.
Le chêne Lorne
En retournant vers le rond de la croix Marconnay, Yves Gouchet nous a fait remarquer une sorte de fossé un peu large qui était autrefois un chemin emprunté par les charrettes chargées. Il y avait deux passages en parallèle, un pour la descente des charrettes et l’autre pour la montée.
C’est grâce à toutes ces précisions et observations sur le terrain que nous pourrons désormais mieux comprendre cette belle forêt de Bercé !
On s'exerce à trouver l'âge approximatif de la parcelle par la mesure de la circonférence d'un arbre à 1,30 m du sol
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