Quand arrive le mois d’octobre, que les bogues de châtaignes jonchent le sol et que le jus de raisin commence à fermenter, l’association « Autour de la collégiale de Bueil » propose son 4ème et dernier spectacle de l'année. Pour terminer une saison culturelle de bonne facture, c’est une jeune conteuse québécoise qui avait été retenue, Renée Robitaille, dont le talent n’est plus à démontrer.
D’ailleurs, le président de l’association, Didier Descloux, fut très surpris des nombreuses réservations annoncées pour cette soirée : plus de 100 personnes s’étaient manifestées avant la date prévue et, comme il le précisa en entrée en matière : « Comme vous pouvez le constater, nous avons modifié l’aménagement de la cave. La scène est plus centrale et les chaises disposées en demi-cercle vous permettront d’être plus près de la conteuse. En parlant de la conteuse, sachez que vous avez de la chance car avec les perturbations au niveau de la SNCF, il lui a fallu aménager son horaire de départ et de plus, il y a deux jours, elle était quasiment aphone. Ce soir ça va mieux mais elle parlera avec un micro pour économiser sa voix. » Après avoir souhaité une bonne soirée à tous, il laissa la place à la conteuse qui arriva sur scène sous de chaleureux applaudissements.
Et, avec son accent québéquois, René Robitaille nous invita à la suivre dans l’histoire des « Hommes de pioche ». Les « Hommes de pioche », ce sont les mineurs dont la conteuse s’est inspirée pour créer ce spectacle. C'est ParisPâté qui vole des pépites pour sa Lucie, la femme aux seins centrifuges. C'est aussi Moose qui nage dans la vaseline pour augmenter son bonus. C'est Antonio l'Italien qui voit pour la première fois des glaçons pendus aux maisons. C'est Gros Denis qui raconte ses cicatrices à ses chums, avec sa mâchoire en plastique. Et c'est aussi le fameux Grand Zaphat. Pour ce spectacle, la conteuse utilise le langage des mineurs. Son spectacle est inspiré, entre autres, par la fondation de Val d'Or en 1934 qui a poussé comme un champignon. À l'époque, il y avait neuf hommes pour une femme. Conséquence : les hommes enfermaient leur femme pour ne pas se la faire voler ! Il est aussi question de la naissance du syndicalisme pour défendre les conditions de travail des ouvriers exploités par les patrons.
Le secteur des mines est étroitement lié à l'Abitibi-Témiscamingue de la conteuse. Même sa famille comptait des mineurs. Son grand-père était mineur. Renée Robitaille n’a pas hésité à en rencontrer dans leurs lieux de travail pour mieux comprendre cet univers très particulier qu’elle a su rendre devant le public. Le moment le plus émouvant étant le récit de la catastrophe du « 20 mai 1952 », date gravée sur la petite fiole que portaient les mineurs autour du cou et sur celle que lui avait confiée Antonio, rencontré en Italie, et qu’elle devait remettre à son grand-père lors de son retour en Abitibi-Témiscamingue. Ce fut aussi l’occasion pour que le grand-père fasse la connaissance de ses descendants de la 4ème génération !
La conteuse aux expressions changeantes selon le moment du conte
Un beau spectacle empreint de beaucoup d’émotions avec des moments de tendresse, de drôleries dans certaines descriptions et d’un sentiment profond d’attachement à son pays !
Les auditeurs, par leurs applaudissements très nourris remercièrent la conteuse de l’agréable moment passé ensemble dans le cadre convivial de la cave.
Le spectacle est terminé, la conteuse va quitter la scène !
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