Pour clôturer sa saison culturelle 2016, l’association « Autour de la Collégiale » avait convié la comédienne-conteuse, Brigitte Maurice, de la compagnie Mélusine d’Issoire, pour animer sa traditionnelle soirée « contes au coin du feu » dans une des caves de Gué-Luneau.
Avant que chaque participant ne s’installa à l’intérieur de la cave où un feu de cheminée réchauffait l’atmosphère, chacun se pressait vers la distribution de châtaignes grillées au feu de bois et le verre de bernache qui les accompagnait.
Bernache et châtaignes sont toujours très appréciées
Comme le souligna Didier Descloux, président de l’association, avant de laisser la place sur la scène à la conteuse : « Cette année, ça a été la croix et la bannière pour trouver des châtaignes. Rien dans la Sarthe du côté de Lavernat où nous nous approvisionnons habituellement. Il a fallu aller jusqu’à Saint-Ouen-les-Vignes, près d’Amboise pour en trouver. Nous en avons ramené 25 kilos mais il y a beaucoup de petites. Pour la bernache, cela n’a pas été facile non plus. Mais, tout est là, pour ne pas faillir à la tradition. »
Puis, la conteuse fit son entrée sur scène.
Pour elle, conter est une seconde nature, ce qui explique pourquoi elle en a fait sa profession. À travers ses contes, elle s’adresse à un large public mais pas à la petite enfance car cela suppose un langage particulier qui n’est pas le sien. Elle possède plusieurs cordes à son arc. En effet, elle est également comédienne, metteuse en scène, donne des cours, accomplit un travail d’accompagnement auprès de professeurs de LEP, de collège, mais aussi d’instituteurs d’écoles primaires à propos de la prise de parole, de la lecture vivante et de la dramatisation d’un texte.
Devant les 70 personnes bien installées face à elle, Brigitte Maurice avait choisi de conter l’histoire de « Jean et Jeanne », un couple séparé par la peur et pour lequel un long parcours personnel sera nécessaire jusqu’aux retrouvailles.
Son histoire est une succession de plusieurs tableaux marquant les moments-clé de la vie de ce couple séparé par la guerre et dont le retour de Jean parmi le monde des vivants et de la liberté sera source de très nombreuses difficultés à cause de l’immense peur qui s’est installée en lui et qui domine ses faits et gestes et lui fait renoncer au bonheur qui s’offre à lui quand Jeanne, heureuse de son retour, même si elle remarque les blessures physiques qui ont diminué son homme, lui ouvre les bras. Il préfère fuir, fuir, fuir, toujours plus loin.
Il ira au-delà des mers jusqu’à la rencontre avec un vieux sage qui lui fera comprendre que « la lumière c’est la vie et qu’il faut aimer la vie ».
Pendant tout ce temps, Jeanne ne désespère pas. Elle va accomplir un acte insensé demandé par une vieille femme un peu sorcière qui lui a promis de fabriquer une potion magique qui lui ramènera son Jean si elle lui procure « trois poils blancs arrachés au front d’un ours qui vit tout là-haut sur la montagne, dans un endroit désertique ». Jeanne va braver tous les dangers, apprivoiser l’ours et ramener les trois poils blancs à la vieille femme qui, dès que Jeanne les lui remet, les jette dans le feu au grand étonnement de Jeanne. C’est alors que la vieille femme lui dit : « Il faut d’abord vaincre la peur après, l’amour et la vie peuvent revenir. »
Et, Jean de son côté, au pays des hommes couronnés d’un turban a compris la leçon du vieux sage. Il veut désormais « aimer et goûter de nouveau la vie. »
Il entreprend alors un retour au pays et durant ce long périple, peu à peu son aigreur contre la vie s’amenuise et c’est par un grand cri du cœur qu’il s’annonce : « Jeanne, c’est moi. Je reviens ! »
Brigitte Maurice fait passer magnifiquement les sentiments
Belle leçon de vie, hymne à l’amour, ce conte plein de sensibilité a conquis le public qui n’a pas ménagé ses applaudissements.
La saison culturelle 2016 de l’association se termine ainsi en beauté.