L'année 1918, du doute à la victoire
Samedi soir, pour cette première manifestation organisée par la commune de Saint-Paterne dans le cadre de la commémoration du centenaire de l’armistice signé en 1918, à Compiègne, une quarantaine de personnes était présente dans la salle du multimédia pour assister à la conférence « L’année 1918, du doute à la victoire » donnée par Éric Labayle.
Un public qui fut enthousiasmé par le conférencier
Avant le début de la conférence, Jean-Pierre Poupée, maire de la commune, prononça quelques mots en direction du public : « Je vous remercie d’être venus si nombreux pour cette conférence qui ouvre la série des manifestations prévues pour cette commémoration particulière du 11 novembre 2018, 100 ans après la signature de l’armistice en 1918. » Puis, il passa le micro à Fabrice Mauclair, le vice-président de l’association christophorienne « Histoire & Patrimoine », qui présenta le conférencier, Éric Labayle. « Éric est un Tourangeau originaire de Libourne. Docteur en histoire contemporaine, c’est un grand spécialiste des conflits militaires et de l’histoire militaire sociale. Il a une maison d’édition avec une production d’œuvres historiques assez importante. Il travaille aussi pour les éditions Sutton. »
Avant de débuter la conférence proprement dite, Éric Labayle prononça quelques mots en direction des nombreux élus de la commune présents dans l’assistance et de l’ensemble du public : « Merci de m’accueillir ici pour parler de l’année 1918. On peut s’interroger sur ce que l’on commémore. Sur cette année 1918, je vous parlerai des principales dates. C’est une année qui est quasiment oubliée dans les manuels scolaires. Il n’y a pas eu de guerre de mouvement cette année-là. Pour moi, si je dois définir l’image que j’en ai, c’est celle de la balance Roberval avec l’équilibre des forces de part et d’autre. Mais, venons-en aux faits ! Pourquoi cet équilibre ? Comme chacun sait, 1918 vient après 1917, année où, à son début, on a un nouveau général en chef, Nivelle, dont le but est de gagner la guerre avant le printemps. Mission surréaliste quand on sait que le 16 avril 1917, ce fut l’offensive au Chemin des Dames, offensive qui entraîna beaucoup de pertes et déclencha une grave crise morale qui fut suivie de nombreuses mutineries. C’est à ce moment qu’arriva le général Pétain à la tête de l’armée française. »
Éric Labayle, le conférencier
Et, pendant une heure et quart, le conférencier tint son auditoire en haleine. Avec le support d’un diaporama illustrant les principaux points évoqués, il fit revivre de manière intense les principaux moments d’abord de 1917 qui eurent une incidence sur le déroulement de l’année 1918 tant à l’intérieur du territoire français que sur le front de l’est. Il insista sur l’importance de l’entente qui régnait au sein du duo Pétain-Clémenceau dans les décisions prises au début de l’année 1918.
La phrase clé du général Pétain était : « J’attends les chars et les Américains. »
Quels chars ?
Les chars d’assaut se sont améliorés nettement et grâce aux 3 000 chars Renault FT17 qui équipèrent alors l’armée française, en 1918, les alliés remportèrent de nombreuses victoires sur les Empires Centraux.
Et les Américains ?
Ils arrivent en 1917 mais ne sont pas du tout préparés à ce genre de guerre. Bien que plus grands que les Européens, très sportifs, motivés, ils sont en retard sur tout. Très mal équipés, il faut les rééquiper entièrement et les former. « Ils passent directement du Far West au XXe siècle ! » Donc, dans un premier temps, on ne peut pas compter sur eux.
D’après le conférencier, l’état major et les dirigeants politiques avaient prévu que l’année 1918 serait assez calme et qu’ils concentreraient toutes les forces pour une victoire qu’ils imaginaient acquise au printemps 1919.
Ce qui va précipiter l’arrêt des combats, ce sont les événements qui se produisirent sur le front de l’est. Dans les Balkans, beaucoup de soldats sont décimés par des maladies. Le 15 septembre 1918, sur le front de Macédoine, la cavalerie alliée prend la ville d’Uskub, siège des états-majors des Empires Centraux. Suite à cela, les Allemands perdent leurs alliés. L’Allemagne est au bord du gouffre. Une mutinerie éclate au sein de l’armée. Guillaume II abdique. La République qui s’installe demande l’arrêt des combats. « Et c’est ainsi que le 11 novembre 1918, l’armistice de Compiègne (appelé de Rethondes), met fin aux combats sur le front de l’ouest mais, armistice ne veut pas dire fin de la guerre. Il faudra attendre le 28 juin 1919 pour que soit signé le traité de Paix de Versailles entre l’Allemagne et les Alliés, pour dire que la guerre est bien terminée. »
Pour Éric Labayle, une question se pose : « A-t-on eu raison de signer cet armistice ? »
Voici l’argument qu’il développe : « Si on avait suivi l’idée d’aller en Allemagne le 14 novembre puisque sur le front est le champ était libre, notre offensive aurait montré aux Allemands qu’ils avaient réellement perdu la guerre. Car, dans les faits, les Alliés n’ont jamais envahi l’Allemagne et lorsque les soldats rentrèrent chez eux, ils furent accueillis en héros par la population. »
C’est sur cette réflexion qui pouvait en amener d’autres notamment sur la seconde guerre mondiale que s’acheva cette passionnante conférence. Le conférencier se prêta ensuite au jeu des questions réponses pendant environ un quart d’heure. De très nombreux et chaleureux applaudissements saluèrent cette brillante prestation.
Cadeaux et dédicaces
Avant de convier l’assistance à partager le verre de l’amitié, Jean-Pierre Poupée remit deux livres qu’il dédicaça au conférencier : « Le Pays de Racan » et « Sur la route des Muses et des Géants », ainsi qu’un buste du poète Racan.
Plusieurs personnes conquises par le brillant exposé, se dirigèrent vers la table où étaient exposés de nombreux ouvrages traitant du sujet puis chacun se retrouva au fond de la salle où le verre de l’amitié les attendait.
Le verre de l'amitié pour clore cette soirée très intense !
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