Quand on entre chez Thierry et Jean, notre regard est tout de suite attiré par les nombreuses faïences qui ornent l’un des murs de la cuisine. Certaines proviennent des faïenceries de Saint-Christophe, d’autres de Nevers ou Rouen.
Thierry me conduit vers son bureau où toute la documentation accumulée lors de ses recherches donne une idée des nombreuses heures passées à la compulser pour arriver à présenter à la fin du mois une conférence sur le sujet : « Les faïences de Saint-Christophe ».
Thierry, pouvez-vous me dire ce qui a déclenché chez vous cet attrait pour la faïence ?
Il y a plus de 30 ans, alors que nous vivions en Toscane, j’ai été attiré par les faïences Urbano. Puis, en arrivant à Toulouse, j’ai été conquis par le musée Paul-Dupuy qui présente une superbe collection de faïences Martre-Tolosane et ses reproductions du Vieux Toulouse. J’ai tellement apprécié que j’ai fait refaire tout un service de table sur ce style. Et puis, je suis arrivé à Saint-Christophe. L’association « Histoire et Patrimoine » avait fait un travail sur la faïence locale. À la lecture des documents, j’ai eu envie d’en savoir plus. Guy Bodeven, qui était membre de l’association, possédait une bonne documentation sur le sujet et, voyant l’intérêt que j’y portais, il me poussa à l’approfondir.
Quelle a été votre première pièce ?
Un plat en faïence de Nevers. Ce fut un coup de cœur pour ces faïences jusqu’au moment où, en lisant la plaquette réalisée par Histoire et Patrimoine, ma curiosité a été mise en éveil et je suis devenu « accro » à celles de Saint-Christophe en constatant les points communs qui liaient ces deux types de faïences.
Depuis combien de temps collectionnez-vous les faïences de Saint-Christophe ?
Il faut savoir qu’elles sont très difficiles à trouver. Pour être sûr qu’elles sont bien originaires d’ici, il faut les dénicher lorsque des maisons anciennes ayant été habitées longtemps par la même famille sont vidées. Elles ont souvent, sur le fond, une petite étiquette rappelant leur provenance. La première, je l’avais trouvée sur le Bon coin où une vente de faïences était annoncée.
Parlez-moi un peu des faïences de Saint-Christophe
Les faïenceries commencèrent au XVIIe siècle. À cette époque, il y avait 3 familles de potiers : Pierre Épron, l’ancien, en 1635, Mathurin Courjault en 1692 et Berneux en 1706. Elles fonctionnèrent surtout au XVIIIe siècle et s’arrêtèrent en 1810. La création de la faïencerie sur la commune se situerait entre 1730 et 1738. On la devrait à Pierre Épron et à Étienne Guerche. Le déclin commença avec la Révolution et un décret paru au début du XIXe siècle signa leur fin. Il y avait 2 sites sur la commune : la maison du Dauphin dans le bourg et le hameau de la Chartrie où se trouvait l’argile. Pour les faïences de Saint-Christophe on utilisait du sable de Nevers.
Leur production était expédiée en Bretagne et Normandie, Nevers couvrant la partie est du pays.
D’autres faïenceries ont également vu le jour à cette période. Pouvez-vous en parler ?
En 1745, le potier Gigandelle désire s’installer à Tours. Mathurin Épron ne veut pas de concurrence. Il vend les parts qu’il détient sur la Chartrie et vient demeurer à Saint-Pierre-des-Corps où il crée une nouvelle faïencerie avec son frère.
Un grand faïencier, Jean Loiseau souhaitait s’installer à Saint-Christophe. Il fut chassé par Épron et c’est à Malicorne dans la Sarthe qu’il ouvrit sa faïencerie où il travailla avec des ouvriers venus de Nevers. Une faïencerie y existe encore.
Ce travail de recherches doit déboucher sur une conférence. Vous avez amassé énormément de documents. Comment allez-vous synthétiser tout ça pour présenter l’essentiel de votre travail ?
Pour que mon exposé rentre dans le temps de la conférence, ce ne sera qu’un survol de ce riche sujet. Le but que je me suis fixé, c’est de poursuivre mes recherches pour arriver à approfondir au maximum ce projet qui me tient à cœur dans le but de réaliser une publication qui contiendrait l’ensemble des documents en lien avec la faïence de Saint-Christophe.
Merci beaucoup Thierry pour le temps que vous m'avez accordé. Je vous laisse poursuivre votre travail.
Conférence le vendredi 29 octobre, à 20 h 30, salle socio-culturelle « Le Foyer »
Entrée gratuite
Respect des règles sanitaires en vigueur
Renseignements : 02 47 29 33 18 ou hp.scsln@gmail.com