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25 novembre 2023 6 25 /11 /novembre /2023 16:37

Vendredi soir, l’espace culturel accueillait la troisième conférence de l'année de l’association « Histoire et Patrimoine »  :  sujet abordé « Les coiffes tourangelles ». C’est Catherine Trotin, entrée récemment dans le conseil d’administration, qui a proposé ce sujet. Professeure de mode à l’IFA (International Fashion Academy) Paris, elle s’intéresse à l’histoire des costumes au cours des âges.

Un aperçu du public
Un aperçu du public
Un aperçu du public

Un aperçu du public

Mais, avant de lui laisser la parole, Philippe Larus, président de l’association, souhaita la bienvenue au nombreux public, remercia la municipalité pour le prêt de la salle tout au long du week-end et excusa certaines personnes qui n’avaient pu se déplacer. Avec l'aide de la conférencière, il présenta les nouvelles plaquettes éditées par l’association au cours de cette année 2023.

Philippe et Catherine lors des préliminaires
Philippe et Catherine lors des préliminaires

Philippe et Catherine lors des préliminaires

Après ces quelques mots, Catherine put prendre le micro pour présenter son travail et le déroulé de la soirée.

Elle a décidé de se focaliser plus particulièrement sur un aspect du costume tourangeau, ses coiffes dans toutes leurs diversités car, pour elle, elles font partie de l’identité de notre région. « Simples certes, mais si délicates elles m’ont attirée depuis mon enfance. Ma grand-mère paternelle en avait une petite collection cachée dans un sac au fond d’un placard : des oubliées d’un temps passé maintenant révolu mais que j’ai voulu remettre au goût du jour et analyser. Grande oubliée dans la promotion des savoir-faire régionaux et souvent associée à un passé et à un folklore qui ne fait pas rêver les jeunes générations, la coiffe tourangelle est pourtant un objet historique français passionnant et dans sa simplicité stylistique et dans la complexité des techniques employées, malheureusement en voie de disparition.»

Pour présenter son travail, Catherine a prévu 3 grandes parties.

Première partie :

L’analyse du bonnet tourangeau comme objet : son anatomie, sa forme, sa composition, ses fonctions.

Deuxième partie :

Ancrage de cet objet de mode dans son contexte social, économique et historique.

Troisième partie

L’imaginaire lié à la représentation de la Tourangelle dans l’inconscient régional mais aussi lié à une certaine identité culturelle régionale.

Notre conférencière, Catherine Trotin
Notre conférencière, Catherine Trotin

Notre conférencière, Catherine Trotin

Déroulement de la conférence

Après avoir déterminé s’il fallait utiliser le mot « bonnet » ou « coiffe » pour cette coiffure sachant que les deux mots font référence à un accessoire de tête, destiné à protéger, cacher, embellir la tête et les cheveux, la conférence proprement dite a pu débuter ! Ces couvre-chefs sont aussi des marqueurs sociaux. Il semblerait qu’il y ait une possible hiérarchie : le bonnet pouvant être considéré comme une forme de coiffe, donnant une précision sur la forme de cette coiffe. La période de son apparition dans le vocabulaire, le Moyen Âge, voit naître une diversification dans l’habillement.

Pour notre conférencière, quelle appellation utiliser ? « Et bien cela dépend : si nous faisons référence à la forme, dans ce cas nous parlerons de « bonnet » tourangeau, mais si nous faisons référence à un type de coiffure portée uniquement par les femmes, dans ce cas-là nous parlerons de « coiffe » tourangelle. »

Quelques belles coiffes tourangelles !
Quelques belles coiffes tourangelles !
Quelques belles coiffes tourangelles !

Quelques belles coiffes tourangelles !

C’est donc de la coiffe tourangelle qu’il a été question dans cette conférence. Une coiffe se compose de 3 parties : le fond (à l’arrière), la passe en avant et la lite sur la partie avant sans oublier le cordon de serrage qui permettra de fixer la coiffe sur la tête.

Tissus, dentelles et broderies

Ces coiffes sont confectionnées en tulle, mousseline et soie pour le nœud. On y ajoute ensuite de la dentelle de Valenciennes et des broderies. Le ruban n’apparaît qu’à la fin du XIXe siècle et permet de cacher le cordon de serrage.

C’est vers 1870 qu’apparaît la broderie de Touraine. Son point est plus gros et les motifs représentés sont principalement des fleurs, dont le cœur, les boutons ou les feuilles vont être ornés de dentelle de Valenciennes

L’entretien de la coiffe requiert des techniques particulières. Il convient de démonter les différentes parties du bonnet en décousant la lite de la passe et du fond. Pour être sûr de bien la remonter à l’identique, il ne faut pas oublier de la mesurer dans sa totalité, ainsi que de mesurer la longueur des côtés « paillés » et celle du côté plat.

L’évolution de la coiffe

La première phase correspondrait au Premier Empire, au tout début du XIXe siècle, où l’on voit les premières broderies apparaître sur les bonnets. Le bonnet est composé de deux parties : le fond et la passe. Sa forme générale prend celle d’une ogive.

À partir de 1830, la mousseline fait son apparition comme matière principale pour le fond et la passe. La broderie évolue et on parle de broderie fine avec incrustation de jours à fils tirés. Les motifs les plus courants sont des motifs floraux, fleurs des champs comme fleurs des jardins

La fin du XIXe siècle voit l’âge d’or de ce bonnet. Après 1870, une nouveauté fait son apparition dans le bonnet tourangeau : la broderie de Touraine avec le motif de la rose de Vouvray et le ruban de soie.

Mais dès le début du XXe siècle, moins de femmes portent la coiffe et lors de la Première Guerre Mondiale, seules les vieilles femmes continuent à porter le bonnet. La jeune génération, quant à elle, préfère les chapeaux et la mode de Paris. C’est la fin d’une époque, la fin d’une mode.

Les différentes parties de la coiffe

Les différentes parties de la coiffe

La coiffe tourangelle, marqueur social et système de communication non verbale

Juste en voyant une personne, du moins dans le passé, et sans avoir à lui parler, il était possible de déterminer son statut social, son genre, son appartenance religieuse, sa disponibilité (mariée, célibataire, veuve), son appartenance à un groupe ou son exclusion de ce groupe et même sa profession.

Si vous portiez un vêtement en soie avec une cravate brodée, vous faisiez partie de l’élite. Si vous portiez un vêtement en grosse laine, rapiécé, en lin ou en chanvre, vous faisiez partie d’une sous-catégorie de la société.

Le vêtement, la parure ne sont jamais anodins et ce, peu importe le siècle ou le type de société.

Quel symbolisme se cache sous cette coiffe ?

En dehors d’être très jolies, les broderies représentées sur le fond de la coiffe ont toutes une signification, que ce soit dans leur nombre mais également dans le type de dessin représenté. Le symbolisme traduit souvent une dimension religieuse reliée au nombre 7 et ses multiples ! Ce n'est pas le seul nombre attaché au symbolisme. Les nombres 1 et 2 y sont aussi liés.

Les broderies ne sont pas anodines. Ces principaux dessins font explicitement référence au cadre champêtre du bonnet tourangeau tout en soulignant son origine géographique et sociale et ses croyances : la Touraine, pays de vignobles et de terres fertiles, pays de paysans et de vignerons.

La portée symbolique du bonnet

Une coutume paysanne remontant à la nuit des temps et certainement aiguisée par le Christianisme, voulait qu’une femme ne se montre jamais « en cheveux » ! De nos jours, dans certaines religions, les femmes doivent encore cacher leurs cheveux sous des voiles…

Admirez les fonds de coiffes brodés avec des motifs champêtres
Admirez les fonds de coiffes brodés avec des motifs champêtres
Admirez les fonds de coiffes brodés avec des motifs champêtres

Admirez les fonds de coiffes brodés avec des motifs champêtres

Pendant un peu plus d’une heure, la conférencière a su tenir son public en haleine, avec ce sujet très documenté, bien illustré et assez original.

La partie conférence est épaulée par une exposition présentant des coiffes et bonnets tourangeaux ainsi que des photos et cartes postales anciennes.

Pendant que de petits groupes se formaient pour discuter, David, le trésorier de l’association, présentait les publications d’Histoire et Patrimoine et, était prêt à enregistrer de nouvelles adhésions. Quant à Catherine, elle s’est prêtée volontiers à des explications particulières concernant les broderies sur les coiffes exposées.

Petites discussions à l'issue de la conférence et explications supplémentaires apportées par Catherine
Petites discussions à l'issue de la conférence et explications supplémentaires apportées par Catherine
Petites discussions à l'issue de la conférence et explications supplémentaires apportées par Catherine

Petites discussions à l'issue de la conférence et explications supplémentaires apportées par Catherine

David présente les publications de l'association
David présente les publications de l'association

David présente les publications de l'association

Cette exposition est visible les samedi 25 et dimanche 26 novembre de 15 h à 18 h. Et, pour des brodeuses en devenir, des ateliers animés par Catherine, seront ouverts les samedi et dimanche après-midi, pour créer des motifs décoratifs de fond de coiffe, broder au point de tige et s’essayer au port de la coiffe.

Quelques brodeuses en devenir !
Quelques brodeuses en devenir !
Quelques brodeuses en devenir !

Quelques brodeuses en devenir !

Un premier week-end hivernal au cours duquel ces nombreuses activités d’intérieur furent très appréciées. Et, comme pour chacune des conférences proposées par « Histoire et Patrimoine », une plaquette très documentée permettra aux adhérents de se remémorer l’ensemble de la conférence en beaucoup plus détaillée.

À l’issue de cette brillante prestation, tout le monde a été invité comme à l’accoutumée, à partager le verre de l’amitié pour prolonger agréablement cette soirée.

Moments d'échanges autour du verre de l'amitié
Moments d'échanges autour du verre de l'amitié
Moments d'échanges autour du verre de l'amitié

Moments d'échanges autour du verre de l'amitié

Que toutes les personnes qui ont prêté du matériel ou/et apporté leur aide soient assurées des remerciements de Catherine et de l’association H&P.

Contact :

Tél : 02 47 29 33 18 ; mail : hp.scsln@gmail.com

Site : https://histoire-patrimoine.jimdofree.com

Adhésion : 8 € pour une personne et 12 € pour un couple

L’assemblée générale de l’association est fixée au 27 janvier 2024 à 17 h, dans la salle du Foyer.

 

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commentaires

P
Ce thème a dû intéresser Delpérier, il y a une autre Tourangelle avec coiffe en biscuit à vendre actuellement :<br /> <br /> https://www.1stdibs.com/fr/meubles/objets-d%C3%A9coratifs/sculptures/bustes/buste-tourangelle-en-porcelaine-biscuit-de-georges-delperier/id-f_36185192/?modal=intlWelcomeModal<br /> <br /> Celle du Musée des Beaux-Arts de Tours :<br /> https://sculptures-polychromes.musee-orsay.fr/ark:/59510/cs000000002cyt6gd
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P
On peut voir la production finale en biscuit au Musée des Beaux Arts de Tours
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G
J'ai remarqué dans l'exposition l'épreuve en plâtre de Delpérier. Il avait réalisé aussi le buste en bronze d'Eugène Hilarion. Cela aiguise donc notre curiosité ....
Répondre
R
Cherchez et tenez-nous au courant...

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L'histoire de St Christophe commence aux environs de l'an mil. A cette époque, les seigneurs d'Alluye y établissent une forteresse (motte féodale) visible dans l'enceinte du cimetière. Au XIe ou XIIe siècle, un donjon en pierres est alors construit et ses ruines témoignent de l'histoire du village.

 

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Ci-dessous, le coeur du village, la place Jehan d'Alluye.
 


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